Dialogue social

Liens au travail : « Le dialogue social enrichit les stratégies d’entreprise » (Pierre Marco, Secafi)


« Le dialogue social permet de faire remonter les informations, de les analyser et de réorienter les schémas existants vers cet objectif de pérennité économique et de performance sociale. Pour ce faire, de nombreuses entreprises ont compris l’intérêt de s’appuyer sur les représentants du personnel pour identifier les angles morts qui pourraient compromettre un projet », déclare Pierre Marco, directeur du développement de Secafi.

Pierre Marco (copyright Groupe Alpha) - © Copyright Groupe Alpha
Pierre Marco (copyright Groupe Alpha) - © Copyright Groupe Alpha

Face aux mutations économiques, technologiques et sociales, quelles sont les principales difficultés rencontrées par les entreprises pour repenser leurs modèles organisationnels et managériaux ?

Les entreprises fonctionnent avec des horizons temporels relativement courts, caractérisés par des objectifs financiers à court ou moyen terme, et très rarement avec des visions à long terme. De surcroît, l’environnement devient de plus en plus incertain, avec des difficultés à se projeter au-delà de quelques mois.

Cela implique un travail approfondi sur des transformations culturelles

Or, les entreprises doivent se transformer profondément, en lien avec les évolutions de leur environnement, obligation qui se heurte aux visions de court terme. Pourtant, cela implique un travail approfondi sur des transformations culturelles, sur l’adaptation des modèles managériaux aux nouvelles attentes des salariés ou encore sur le sens au travail.

Vous préconisez de dépasser une approche réparatrice et de privilégier les analyses de terrain. Sous quelles formes ?

Nous préconisons de construire des organisations de travail plus pérennes, tout en étant économiquement efficaces

Les entreprises n’ont pas toujours l’énergie ou la lucidité pour dépasser une approche réparatrice, une fois la dégradation des conditions de travail constatée. Nous préconisons, sur la base d’une analyse du travail, de construire des organisations de travail plus pérennes, tout en étant économiquement efficaces.

Le dialogue social permet de faire remonter les informations, de les analyser et de réorienter les schémas existants vers cet objectif de pérennité économique et de performance sociale. Pour ce faire, de nombreuses entreprises ont compris l’intérêt de s’appuyer sur les représentants du personnel pour identifier les angles morts qui pourraient compromettre un projet.

Les jeunes générations recherchent davantage du sens et de l’autonomie dans leur travail. Comment les entreprises peuvent-elles adapter leurs stratégies d’engagement pour y répondre ?

De nombreux dirigeants d’entreprises s’efforcent d’expliquer leur stratégie et leur vision de la transformation, à travers des approches pédagogiques, aux représentants du personnel et aux salariés.

Une vision d’entreprise à long terme se construit là où le dialogue est actif

C’est important pour ces derniers, mais plus particulièrement pour les jeunes générations qui attendent encore plus de sens dans ce qu’elles font et réalisent. Les dirigeants communiquent sur leurs certitudes, tout en conservant une capacité d’écoute des salariés qui permet de repositionner, le cas échéant, certains axes stratégiques.

Le dialogue social, dans ces cas-là, enrichit les stratégies d’entreprise, permettant aux dirigeants de prendre des décisions, de les assumer et de les porter, tout en conduisant les transformations avec un comité de direction, des managers intermédiaires et des salariés qui ont des informations et des contributions à apporter. Une vision d’entreprise à long terme se construit là où le dialogue est actif, où chacun comprend pourquoi il travaille et où le sens donné au travail est fondamental pour assurer fidélité, engagement et performance.

Quels conseils donneriez-vous aux dirigeants pour mobiliser efficacement toutes les parties prenantes dans ce processus de transformation ?

Ne pas prendre conscience de la nécessité d’un tel travail a des effets économiquement négatifs, en termes d’absentéisme, de turn-over ou encore de coûts de la désorganisation de l’entreprise. Ces constats convainquent souvent les directions de construire des plans d’action à long terme.