Droits des salariés

Cadres : « Une implication maximale pour une reconnaissance minimale » (Ugict-CGT)


« Patrick Martin, président du Medef, a récemment estimé - non sans aplomb - que “notre pays avait besoin de travailler plus”. Très loin du quotidien des travailleurs, et encore plus de celui des cadres, qui voient leur temps de travail exploser avec des salaires qui ne tiennent plus la route. Si les temps de travail explosent, c’est bien parce que la charge de travail augmente sans que les directions ne recrutent, puisque les contrats au forfait jour se généralisent, permettant de faire disparaître le décompte des heures de travail au profit d’une rémunération forfaitisée », déclare l’Ugict-CGT à l’occasion de la publication de l’enquête ViaVoice/Secafi « Opinions et attentes des cadres 2025 », le 24/06/2025.

Cadres : « Une implication maximale pour une reconnaissance minimale » (Ugict-CGT)
Cadres : « Une implication maximale pour une reconnaissance minimale » (Ugict-CGT)

Salaires et charge de travail

« Le salaire grimpe en flèche dans les préoccupations des travailleurs qualifiés à responsabilité. Peu étonnant quand on sait que les hausses de salaires issues des négociations annuelles obligatoires de cette année sont bien en deçà de celles des années précédentes », déclare l’Ugict-CGT.

  • 51 % estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec leur charge de travail (+ 4 points depuis 2023) ;
  • 49 % des cadres estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec leur implication (+ 2 % depuis 2023) ;
  • 48 % des cadres estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec leur temps de travail réel (+ 2 points depuis 2023).
  • Pour les femmes cadres, cette insatisfaction est d’autant plus prégnante :
  • 42 % des femmes estiment que leur rémunération est en adéquation avec leur implication, contre 53 % des hommes, soit un écart de 11 points ;
  • 40 % des femmes estiment que leur rémunération est en adéquation avec leur charge de travail, contre 52 % des hommes, soit un écart de 12 points.

Concernant la charge de travail :

  • 48 % estiment que leur temps de travail a augmenté depuis 2024 (+ 3 points), avec un chiffre plus élevé pour les cadres au forfait jour (52 %) ;
  • 63 % des cadres déclarent travailler plus de 40 heures par semaine ;
  • 28 % déclarent travailler plus de 45 heures par semaine ;
  • 12 % déclarent travailler plus de 49 heures par semaine ;
  • 37 % des cadres au forfait jour déclarent travailler plus de 45 heures par semaine, soit 8 points de plus que la moyenne des répondants ;
  • 59 % trouvent que leur charge de travail a augmenté depuis l’année dernière (+ 3 points depuis 2024). Pour les cadres du secteur public, ce chiffre atteint 67 %, soit 9 points d’écart avec la moyenne des répondants ;
  • 77 % des cadres déclarent avoir déjà travaillé pendant leurs jours de repos.

Concernant le forfait jour, l’Ugict-CGT revendique :

  • « D’encadrer le forfait jour avec un décompte sérieux du temps de travail, et un respect des durées maximales (10 heures par jour et 48 heures par semaine) et des temps de repos (11 heures entre deux journées et 35 heures par semaine) ;
  • De réduire le nombre de jours travaillés par an en passant à 182 jours, qui équivaudrait à l’application de la semaine de 4 jours et des 32 heures ;
  • De donner des marges de manœuvre aux ingénieurs, cadres et techniciens sur la maîtrise de la charge de travail : s’il y a des besoins en recrutement, en réorganisation du travail exprimés par les salariés, ils doivent être entendus et suivis d’effet. »

L’association des cadres au processus décisionnel

« Malgré une forte implication des cadres dans leur travail, les directions associent toujours aussi peu les salariés et agents dans le processus décisionnel, les obligeant à appliquer des décisions souvent contraires à leur éthique. De récentes mobilisations, notamment dans le secteur de l’armement, font état de ce malaise. La CGT s’y mobilise pour faire cesser le génocide en cours à Gaza : chez Thalès elle réclame la mise en place d’un droit de retrait, au sein des douanes elle a, dans le sillage de l’action des dockers de Fos-sur-Mer, réclamé à son ministre la mise en place d’une interdiction d’exportation d’armes et de pièces d’armement. »

  • 67 % ne se sentent pas associés aux choix stratégiques de leur direction (+ 3 points depuis 2023) ;
  • 84 % des cadres estiment que leur éthique professionnelle entre en contradiction avec les choix et pratiques réelles de leur entreprise ou administration ;
  • 49 % estiment que c’est fréquemment le cas ;
  • 59 % des cadres aimeraient disposer d’un droit d’alerte dans le cadre de leurs fonctions ;
  • 36 % trouvent que les pratiques managériales de son entreprise ou administration se sont détériorées sur l’année écoulée ;
  • 16 % trouvent qu’elles se sont plutôt améliorées (-2 points depuis 2024) ;
  • 51 % trouvent que le système d’évaluation individuelle appliqué dans son entreprise ou administration n’est ni transparent ni fondé sur de bons critères (53 %).

Craintes liées à la sécurité de l’emploi

« Licenciements, fermetures de sites, réorganisations sans concertation des salariés, chômage en hausse… La CGT recense les plans de licenciements en France, qui sont maintenant au nombre de 400, et ce malgré le nombre de projets alternatifs proposés et chiffrés. Et les craintes liées à la sécurité de l’emploi touchent aussi les cadres. »

  • 31 % des cadres craignent d’être confrontés à la réorganisation de son entreprise ou administration, et 17 % craignent d’être licenciés dans un avenir proche ;
  • 28 % des cadres estiment que les décisions stratégiques misent en place par leur employeur ne garantissent pas la pérennité de leur entreprise ou de leur emploi ;
  • 39 % estiment que le système d’assurance chômage ne les protège pas suffisamment ;
  • 7 % des cadres ont eu une évolution professionnelle négative depuis cinq ans (+ 2 points par rapport à 2024), en particulier dans la santé et l’action sociale (10 %) ;
  • 37 % des cadres conçoivent leur avenir de manière positive dans les années à venir -4 points depuis 2023) et 14 % le conçoivent négativement (+ 5 points depuis 2024).

Équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle

« C’est toujours d’actualité ; les grands groupes tels qu’Amazon, Ubisoft ou encore récemment la Société Générale remettent en cause leurs accords télétravail. Pourquoi ? Une volonté de retour forcé en présentiel, notamment pour surveiller de près leurs salariés. Pourtant, la pratique du télétravail a permis aux salariés de retrouver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, même si cet équilibre est fragilisé par les hausses des temps et charges de travail. »

  • L’équilibre entre la vie professionnelle et vie privée arrive en tête des priorités pour les cadres dans leur travail, avec 69 % des cadres qui le place comme tel ;
  • 67 % souhaiteraient disposer d’un droit à la déconnexion effectif afin de préserver leur vie privée et leur santé (+ 11 points depuis 2016) ;
  • Un cadre sur deux trouve que les pratiques de télétravail ne sont pas suffisamment encadrées en France ;
  • Plus d’un cadre sur deux estime que les pratiques de télétravail ne protègent pas des durées excessives de travail, et ne garantissent pas un droit à la déconnexion effectif.

Les cadres et le déploiement de l’IA

« La CGT et son Ugict restent vigilantes sur la manière dont l’intelligence artificielle sera déployée, et revendiquent :

  • Des garanties sur la protection des droits des travailleurs ;
  • La transparence des algorithmes ;
  • Un contrôle public de la production d’IA ;
  • Une coopération internationale pour que l’IA serve l’intérêt général, et non les intérêts privés des grandes entreprises numériques, tout en garantissant la souveraineté et le bien-être des citoyens. »

Sur le déploiement de l’IA dans le monde professionnel :

  • 48 % des cadres estiment qu’il s’agit plus d’une avancée qu’un recul ;
  • 31 % ne se prononcent pas, 21 % estiment qu’il s’agit plus d’un recul que d’une avancée ;
  • 42 % des cadres utilisent l’intelligence artificielle dans leur activité professionnelle ;
  • Pour 42 % des cadres, des outils d’IA leur sont proposés dans leur entreprise ou administration ;
  • 17 % des cadres déclarent que leur entreprise ou administration a mis en place des outils d’IA pour la gestion des ressources humaines, notamment pour le recrutement (48 %).

Les cadres opposés à la réforme des retraites

« Les cadres sont à 69 % insatisfaits par la réforme des retraites telle que proposée par Emmanuel Macron, et souhaiteraient soit son abrogation, soit trouver de nouvelles ressources pour augmenter le niveau des pensions. »

  • 42 % des cadres ne savent pas en quoi consiste la retraite par capitalisation ;
  • 62 % ne font pas confiance aux marchés financiers pour y placer leur épargne retraite ;
  • 23 % des cadres considèrent leur travail comme étant pénible ;
  • Les causes de la pénibilité sont en priorité la charge mentale (71 %), l’intensification du travail et l’épuisement professionnel (65 %), les temps de travail à rallonge (43 %) ;
  • 73 % des cadres sont contre la baisse du financement de notre système de protection sociale pour financer le réarmement de la nation.

Pour assurer le maintien de leur niveau de vie à la retraite, les cadres sont favorables à :

  • 57 % à la hausse de la part “patronale” des cotisations ;
  • 41 % à la hausse des parts “salariale” et “patronale” des cotisations salariés et employeurs.

Les défis du travail du futur

Parmi les défis, les cadres estiment que ces derniers pourraient impacter leur travail dans le futur :

  • Les défis climatiques à 57 % ;
  • Les défis technologiques et le développement de l’intelligence artificielle à 56 % ;
  • Les défis de paix et la hausse des conflits armés à 54 % ;
  • Les défis démographiques et le vieillissement de la population à 52 % ;
  • Les défis démocratiques et les atteintes à l’État de droit à 48 %.

Les principales aspirations des cadres pour le futur de leur travail sont :

  • L’accès à un haut niveau de protection sociale à 44 %, arrivant en tête ;
  • La reconnaissance de leurs qualifications à 41 % ;
  • L’amélioration de leurs conditions de travail à 39 % ;
  • La protection de la sécurité de leur emploi à 35 % ;
  • La réduction de leur temps de travail à 27 %.

Méthode de l’enquête

• 1 000 cadres du public et du privé

• La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : sexe, âge, profession, région et secteur d’activité

• Personnes interrogées en ligne

• Du 10 au 22/04/2025