Emploi et handicap : 36 % des candidats cachent leur situation au moment du recrutement (Ifop)
36 % des personnes en situation de handicap, et jusqu’à 40 % parmi ceux ayant un handicap psychique, choisissent de ne pas déclarer leur situation lors du recrutement, selon une étude menée par l’Ifop pour LADAPT, l’Agefiph et le FIPHFP. Ces résultats ont été publiés le 04/11/2025, en amont de la 29ᵉ SEEPH (Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées), organisée du 17 au 23/11/2025.
Une carrière marquée par un plafond de verre
70 % des personnes en situation de handicap n’ont obtenu aucune promotion au cours des cinq dernières années, contre 58 % dans la population salariée française. Cette stagnation s’intériorise : lors de leur recherche d’emploi, seules 56 % des personnes interrogées déclarent accorder de l’importance aux perspectives d’évolution, contre 65 % des autres collaborateurs.
Ce phénomène d’autocensure trouve sa source dans l’expérience quotidienne : 46 % identifient les transitions professionnelles comme le moment où leur handicap pèse le plus. « Changer de poste ou d’employeur signifie souvent perdre les aménagements acquis et devoir recommencer le parcours d’adaptation. La mobilité professionnelle devient alors synonyme de fragilité plutôt que d’opportunité. L’ambition se heurte à la crainte de devoir tout reconstruire ».
Des écarts selon la taille et la structuration des employeurs
Les cadres (75 %) et les collaborateurs travaillant pour des employeurs de plus de 250 personnes (71 %) disposent plus souvent d’outils adaptés, contre seulement 43 % des ouvriers.
La présence d’un référent handicap transforme significativement l’expérience vécue : 76 % des collaborateurs bénéficiant d’un référent disposent d’outils adaptés, contre 53 % lorsqu’il n’y en a pas. « Le référent handicap agit comme un véritable levier d’égalité, en permettant la mise en place effective des aménagements, en favorisant la formation et en créant un climat de confiance. Ces écarts massifs appellent à une généralisation du dispositif pour garantir un accès équitable aux moyens d’adaptation. »
Une insécurité psychologique au travail
Seulement 67 % des personnes en situation de handicap se sentent en sécurité pour signaler un problème sans craindre de représailles, contre 73 % des collaborateurs en général. 58 % d’entre elles déclarent ne pas pouvoir évoquer leur santé mentale sans redouter des conséquences négatives.
Ce climat de réserve conduit de nombreuses personnes à accorder une importance accrue aux valeurs de l’organisation. Lors de la recherche d’emploi, elles se montrent particulièrement attentives à la bienveillance de l’employeur (76 % contre 70 % des collaborateurs) et à sa politique d’inclusion (69 % contre 54 %).
Méthode
L’enquête a été conduite en juin 2025 auprès de quatre échantillons :
• 1 000 personnes représentatives de la population française ;
• 1 007 collaborateurs ;
• 5 446 personnes en situation de handicap ;
• 413 employeurs et responsables RH.