Négociation salariale : les nouveaux ingrédients en 2023 (webinar Syndex)
Par Agnès Redon | Le | Accords d’entreprise
Inflation oblige, l’exercice de la négociation sur les salaires conduit à mettre dans la balance encore plus d’éléments qui ne relèvent pas du salaire de base. Comment prendre en compte les multiples leviers d’une rémunération globale ? Le webinaire organisé le 12 janvier 2023 par Syndex et Miroir Social a fait le point sur les nouveaux ingrédients.
Les arguments qui plaident en faveur d’une augmentation des rémunérations
Le contexte fortement inflationniste pèse sur le pouvoir d’achat des ménages
Trois signaux laissent présager d’une inflation forte et durable, à lier avec le conflit russo-ukrainien :
- L’évolution des prix de l’énergie : pétrole, gaz, charbon ;
- L’évolution des prix des matières premières : céréales (blé, mais), métaux (nickel, aluminium ;
- La hausse record des prix de production de l’industrie : + 27,7 % sur un an en août 2022.
Les données de la DARES montrent une baisse importante du salaire moyen de base réel, c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation, en pouvoir d’achat et hors éléments de prime. Et ce, dès 2021.
Les entreprises bénéficient d’une série de mesures favorables de baisse d’imposition
Pour rappel, l’objectif affiché par le gouvernement a été de réduire les impôts de production, avec notamment l’abaissement du plafond de 3 % à 2 % de la valeur ajoutée produite à partir de 2021.
En outre, depuis 2017, le taux normal d’impôt sur les sociétés a fait l’objet de plusieurs aménagements, notamment à travers la loi 2019-759 du 24 juillet 2019 portant création d’une taxe sur les services numériques et modification de la trajectoire de baisse de l’impôt sur les sociétés.
Il est donc nécessaire pour les élus de connaître le montant des économies réalisées par l’entreprise afin d’apprécier ses marges de manœuvre financières.
Le cabinet Syndex recommande ainsi que toute discussion sur le niveau des révisions salariales en 2022 doit être réalisée à l’aune de ces deux éléments :
- Analyse de l’impact réel de l’inflation dans l’entreprise ;
- Partage de la valeur créée en 2020 et 2021.
Recommandations pour mener à bien les négociations
Agir sur le calendrier des négociations
Avec une inflation forte et qui perdure, le résultat des négociations est presque aussitôt en décalage.
Pour atténuer les effets de l’inflation, il est recommandé de prévoir la rétroactivité, par exemple :
- Une application au 1er janvier de l’année. Tous les mois passés seront valorisés ;
- Une application à une autre date passée. C’est toujours cela de pris.
Dans un contexte qui évolue, il faut prévoir de rouvrir les négociations, voire des nouvelles hausses de salaires. Ainsi une situation d’inflation prolongée permet de limiter la perte de pouvoir d’achat.
Pour atténuer les effets de l’inflation, il est recommandé de prévoir des clauses de revoyure, par exemple :
- Si l’inflation atteint x %, les partenaires sociaux s’engagent à rouvrir les négociations ;
- Si l’inflation atteint x %, la direction pourra reconvoquer les partenaires sociaux.
Prioriser les augmentations de salaire
Depuis des années, les directions disent qu’en l’absence d’inflation, il n’est pas nécessaire de revaloriser fortement les salaires. Ils privilégient la rémunération des actionnaires au détriment de celles des salariés.
Dans ce contexte, il est recommandé de :
- Reprendre les verbatims des négociations des années précédentes qui ont justifié de faibles augmentations ;
- Insister sur le besoin de maintenir le pouvoir d’achat de façon pérenne donc de revaloriser les salaires de base ;
- Privilégier les bas salaires qui sont plus impactés par l’inflation. Par exemple, proposer des planchers ou des mesures dégressives.
A noter : il est important de ne pas se faire d’illusion sur la prime de partage de la valeur (PPV), censée garantir le pouvoir d’achat des salariés ».
Elle n’offre aucune garantie pour les années suivantes. En effet, les primes ponctuelles ne doivent pas se substituer aux augmentations de salaires.
Elargir la base de la négociation au-delà des salaires de base
Il n’y a pas que les salaires pour valoriser le pouvoir d’achat dans le cadre des négociations sur les rémunérations et le temps de travail.
Pêle-mêle, on trouve aussi :
- L’épargne salariale ;
- La prime transport ;
- Les chèques déjeuner ;
- L’attribution de CESU ;
- La protection sociale complémentaire ;
- L’aide aux mobilités douces ;
- La participation aux charges du télétravail (électricité, abonnement Internet, PC avec double écran…)
Construire un cahier revendicatif
Pour établir des priorités et les évaluer en chiffres, le cahier revendicatif permet de gagner en crédibilité et de justifier vos demandes.
Une évaluation des revendications et des propositions de la direction permet également de :
- Comparer l’écart d’enveloppes des propositions des deux parties ;
- Les rapporter à la masse salariale et aux indicateurs de gestion de l’entreprise (chiffre d’affaires, résultats, distribution de dividendes) ;
- Identifier les coûts réels pour l’employeur ;
- Définir les positions minimum acceptables pour chaque revendication.