Tech

Aymard Leclercq (Delegatio) : « L'élection du CSE sert à structurer le dialogue social en entreprise »

Par Agnès Redon | Le | Logiciels de gestion

Le renouvellement d’une grande partie de CSE est à boucler d’ici fin 2023. Aymard Leclercq, directeur général et fondateur de Delegatio (solution de suivi des heures de délégation des représentants du personnel), fait le point, avec l’appui de la cheffe de projet Tiphaine de Williencourt.

Aymard Leclercq, Tiphaine de Williencourt (Delegatio) :  - © D.R.
Aymard Leclercq, Tiphaine de Williencourt (Delegatio) : - © D.R.

Quelle est la part de vos clients qui renouvellent leur CSE ?

Aymard Leclercq : 

Il y a une véritable ambition de professionnaliser les instances de représentation du personnel. 

A ce jour, 80 % de nos clients sont en période de renouvellement de CSE. C’est l’occasion pour de nombreuses entreprises de structurer davantage leur dialogue social, notamment par le vote électronique, utilisé dans la plupart d’entre elles. Par ailleurs, il y a une véritable ambition de professionnaliser les instances de représentation du personnel (IRP). 

Tiphaine de Williencourt : Il s’agit d’une période glissante d'élections, compte tenu de l’obligation de mise en place des premiers CSE au 1er janvier 2020. Les cas de figure sont les suivants en fonction des entreprises :

  • Celles qui ont préparé la mise en place du nouveau CSE en amont du 1er janvier 2020 ; 
  • Celles qui étaient conformes pour le 1er janvier 2020 ;
  • Celles qui l’ont mis en place plus tardivement. 

Que constatez-vous dans le déroulement du renouvellement des CSE ?

Aymard Leclercq : Plus les CSE ont impliqué les managers, plus ils ont interrogé l’utilité du dialogue social et la fonction des élus, plus les élections se passent bien. D’ailleurs, dans ce cadre, la communication aux salariés se déroule bien en amont des élections. Dans les outils de suivi du dialogue social, notamment dans le crédit accordé aux élus dans le cadre des élections, il y a un besoin de plus en plus fort de numérisation. 

Tiphaine de Williencourt : 

Une impulsion peut être donnée au dialogue social pour qu’il implique plus de monde.

Concernant la limitation du nombre de trois mandatures successives aux élections du CSE, cela peut engendrer une forme de désorganisation car de nouveaux candidats, parfois jusqu’ici peu concernés, doivent se présenter. Mais une impulsion peut être donnée au dialogue social pour qu’il implique plus de monde. C’est donc un défi pour l’organisation mais qui permet également la diffusion d’une culture du dialogue social.

Dans le cadre des élections professionnelles, quels sont les apports principaux de la numérisation ?

Aymard Leclercq : En amont, le vote électronique apporte de la simplicité et de la fluidité sur l’organisation du scrutin et sur la participation qui se révèle plus importante qu’avec un vote classique.

Après les élections, quand les élus ont recours aux outils de suivi des heures de délégation, le sujet gagne en crédibilité : on reconnaît ce temps qu’ils ont droit d’utiliser.

Enfin, la numérisation fait gagner du temps aux représentants du personnel et une forme de transparence du dialogue social.

Quels conseils donneriez-vous pour la prochaine mandature CSE ?

Aymard Leclercq : 

Il est essentiel de proposer des formations adaptées aux élus.

Nos conseils sont les suivants :

  • L’implication des managers dans le dialogue social. Nous constatons qu’ils devraient être mieux formés à la gestion des relations sociales, un sujet encore trop considéré sous l’angle juridique sans prendre en compte son impact dans la vie de l’entreprise.
    • En dépassant cet angle, il s’agit donc d’impliquer les managers dans le fonctionnement du CSE. Les sensibiliser aux enjeux sociaux peut favoriser une meilleure collaboration et une compréhension mutuelle.
    • Cela suppose que la direction leur donne les éléments pour communiquer avec les élus et les intègre dans la dimension stratégique de l’entreprise ;
  • La professionnalisation des représentants du personnel. Les élus ne sont pas toujours les mêmes d’une mandature à une autre. Et ce n’est pas parce qu’ils sont élus et considérés comme capables de représenter le personnel qu’ils maîtrisent les règles, parfois complexes, des relations sociales.
    • Ils devraient être mieux formés. Il est donc essentiel de proposer des formations adaptées aux élus pour les aider à remplir efficacement leurs fonctions et à relever les défis auxquels ils sont confrontés.
  • La motivation des élus suppléants. Il serait bénéfique d’impliquer davantage les élus suppléants, qui peuvent apporter une contribution précieuse au fonctionnement du CSE.
    • Les suppléants ne sont pas seulement là pour remplacer les élus indisponibles : des compétences doivent être reconnues.
    • 20 % des clients Delegatio ont octroyé des crédits d’heures à leurs élus suppléants dans leurs nouveaux accords, à hauteur de 8 heures par mois en moyenne.
  • La valorisation des mandats des élus par le biais de certificats de compétences. A travers l’exercice de leurs mandats, les élus développent de véritables compétences. La reconnaissance de leurs aptitudes est un véritable atout pour sécuriser le parcours professionnel des élus et renforcer la légitimité et l’attrait de leurs missions.
  • L'évincement des irritants du quotidien. Pour améliorer le fonctionnement du CSE, il est nécessaire de trouver des solutions pour gérer plus facilement les heures de délégation et simplifier l’accès à la Base de Données Économiques et Sociales de l’Entreprise (BDESE). En éliminant ces irritants, les élus pourront se concentrer davantage sur leurs missions principales.

Tiphaine de Williencourt : La gestion transparente et collaborative des heures de délégation est un sujet essentiel en ce sens. En effet, dans le cadre de leurs missions, les élus ont le droit d’utiliser des heures de délégation tout en permettant le maintien de l’activité opérationnelle. 

Quel est l’apport de la gestion des heures de délégation par le numérique ?

Tiphaine de Williencourt : 

Les élus ont dû faire face à des contraintes de temps, à une complexification, perçue ou réelle, des règles.

La mise en place du CSE avait comme objectif premier de simplifier l’organisation des instances représentatives du personnel, en remplaçant l’ancienne pluralité par une instance unique. Cette réforme a entraîné une simplification organique et a demandé une adaptation de la part des élus qui ont dû s’habituer à cette nouvelle configuration.

Toutefois, la gestion des heures de délégation, qui correspondent au temps accordé aux élus pour exercer leurs fonctions représentatives, s’est avérée complexifiée. Les élus ont dû faire face à des contraintes de temps, à une complexification, perçue ou réelle, des règles et ont parfois rencontré des difficultés à concilier leurs obligations professionnelles avec leurs responsabilités d'élu.

Aymard Leclercq : La mise en place d’une gestion numérique permet d’apaiser ces irritants et de reconnaître le rôle de l'élu en toute transparence. A l’aide d’un planning bien défini du manager, il est possible de faire coexister l’activité opérationnelle et le dialogue social.

Concepts clés et définitions : #CSE ou Comité Social et Économique , #Élections du CSE