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Youssef Achour (Groupe Up) : « tout l'équilibre du système des titres-restaurant doit être préservé »

Par Agnès Redon | Le | Logiciels de gestion

Le 17 octobre 2023, l’Autorité de la concurrence a rendu un avis au Gouvernement sur le marché des titres-restaurant. Youssef Achour, président de la coopérative UpCoop, maison mère du Groupe Up, commente cet avis.

Youssef Achour, président du Groupe Up - © Maria Cabrelli
Youssef Achour, président du Groupe Up - © Maria Cabrelli

Comment réagissez-vous à l’avis rendu de l’Autorité de la concurrence au Gouvernement sur le marché des titres-restaurant* ?

Il n’est pas nécessaire de plafonner les commissions ni de règlementer la relation commerciale.

Dans la saisine de l’Autorité de la concurrence, il s’agissait de savoir si les commissions devaient être plafonnées. Il est apparu que ce n'était pas la réponse la plus adaptée au marché.

En effet, nous sommes sur un marché de libre concurrence et la régulation par les pouvoirs publics d’une relation entre les clients et les prestataires n’a pas lieu d’aller dans ce sens, s’il n’y a pas de graves dysfonctionnements ou de grands déséquilibres.

Le marché du titre-restaurant est particulier. En 2014, un décret a autorisé sa dématérialisation, ce qui a permis l’arrivée de nouveaux opérateurs. 

Ainsi, nous sommes satisfaits de l’avis de l’Autorité de la concurrence au Gouvernement sur le marché des titres-restaurant, dans le sens où il n’est pas nécessaire de plafonner les commissions ni de règlementer la relation commerciale qui unit un émetteur de titres-restaurant et les restaurateurs.

Pour rappel, la Commission nationale des titres-restaurant (CNTR) enregistre jusqu'à 20 000 demandes supplémentaires par an de restaurateurs, de boulangers, de commerces de proximité qui souhaitent accepter ces titres. 

En quoi selon vous les titres-restaurant contribuent à la

QVT ?

La mise en place du titre-restaurant est l’aboutissement d’un dialogue.

Le système à vocation sociale doit permettre aux salariés de bénéficier du meilleur dispositif de restauration possible à l’heure du déjeuner. 

Créé en 1964 par une société coopérative (Scop), le chèque déjeuner permettait un traitement égalitaire entre les salariés qui disposaient d’une « cantine » d’entreprise et ceux qui n’en avaient pas.

La mise en place du titre-restaurant est l’aboutissement d’un dialogue constructif dans les organisations. Sa vocation est de permettre de se restaurer à la pause déjeuner de la meilleure manière possible.

Cette pause est essentielle pour recharger ses batteries, c’est aussi un moment de convivialité et d'échanges informels. Dans l’entreprise, la valeur du titre est la même pour tous et bénéficier d’un titre restaurant c’est aussi le témoignage d’une certaine reconnaissance de l’employeur, c’est un élément de QVCT.  

Comment percevez-vous la dématérialisation des titres-restaurant ?

Les représentants du personnel ont leur mot à dire.

Nous accompagnons les entreprises depuis 10 ans vers les titres-restaurant dématérialisés, qui représentent 60 % du marché. On peut peut-être considérer que cela prend trop de temps mais c’est un temps d’adaptation nécessaire pour les entreprises et les salariés aussi. 

Avec une démarche plus volontariste des pouvoirs publics en ce sens, nous, les émetteurs, nous devons être pédagogues et innovants pour rassurer et donner envie. 

Je le rappelle, le titre-restaurant est cofinancé par l’entreprise et les salariés. Les représentants du personnel ont leur mot à dire et c’est avec tous les acteurs des organisations que nous devons avancer. 

Tout l'équilibre du système des titres-restaurant, et donc d’un dialogue social à la française, doit être préservé. Etant une coopérative très attachée au dialogue social dans les entreprises privées ou publiques, ce n’est donc pas à nous, émetteurs, d’imposer la dématérialisation mais de bien l’accompagner.

Comment expliquez-vous cette forme de résistance à la dématérialisation des titres-restaurant ?

Nous observons cette résistance particulièrement dans le secteur public, notamment dans les collectivités locales, territoriales et dans la fonction publique hospitalière.

En effet, certains salariés ou agents craignent parfois que leur employeur sache où ils mangent. Or ces informations sont bien contrôlées et protégées par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).

Par ailleurs, le maintien du papier est une exception culturelle française, comme on peut l’observer avec l’existence des chèques bancaires. 

Quels sont les projets de la coopérative UpCoop pour l’amélioration de la QVT des salariés ?

Nous avons créé notre modèle économique sur l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés. Le titre-restaurant en est un mais également d’autres produits comme les titres cadeau UpCadhoc notamment.

Aujourd’hui, on s’oriente de plus en plus vers des cartes ou des comptes qui offrent toute la palette des avantages aux salariés regroupée dans une solution unique de gestion pour l’entreprise et de paiement pour le salarié : déjeuner, mobilité, culture, sport et loisirs, etc. C’est l’offre UpOne.

  • Côté salarié, tous les avantages sont accessibles sur une seule carte et une application pour le salarié, qui peut dépenser, avec une carte physique ou digitale.
  • Côté employeur, il s’agit d’un espace de gestion centralisé de la politique sociale pour gérer ses factures et le suivi des comptes bénéficiaires ASC

Concepts clés et définitions : #QVCT (ex QVT) ou Qualité de Vie et des Conditions de Travail , #ASC ou Activités Sociales et Culturelles