Dialogue social

NAO : les actions pour éviter la déformation du partage de la valeur ajoutée (webinaire Secafi)

Par Agnès Redon | Le | Accords d’entreprise

Le pouvoir d’achat des salariés s’est fortement érodé ces derniers mois, alors que la situation économique de nombreuses entreprises reste très bonne, voire s’est améliorée. 
Face à la stagnation des salaires, que peuvent faire les élus pour éviter la déformation du partage de la valeur ajoutée ?
Focus avec le webinaire organisé par Secafi le 15 février 2023.

Négociations salariales : partage de la valeur ajoutée  - © D.R.
Négociations salariales : partage de la valeur ajoutée - © D.R.

Eléments contextuels 

Un poids actionnarial de plus en plus important et une stagnation des salaires dans la valeur ajoutée

Depuis plusieurs années, on assiste à un déséquilibre du partage de la valeur ajoutée, au détriment des salariés et au profit des actionnaires. La pression des actionnaires, la montée en puissance des investisseurs institutionnels, associés à l’atomisation des salariés par :

  • Le recul du poids des syndicats ;
  • Le recours à la sous-traitance ;
  • La flexibilisation du marché du travail ;
  • L’individualisation de la politique salariale.

Ce sont une partie des causes structurelles de la faiblesse des rémunérations.

  • En 2022, d’après Vernimmen, l’ouvrage de référence en finance d’entreprise, les entreprises du CAC40 ont distribué 80,1 milliards d’euros à leurs actionnaires, dont 23,7 sous forme de rachat d’actions, soit le niveau le plus haut jamais enregistré depuis près de 20 ans.
  • Dans le même temps, les salaires des dirigeants d’entreprise sont également en forte hausse. En 2021, selon Proxinvest, le salaire des dirigeants du SBF 120 (principales sociétés cotées en France) a atteint 4,5 milliards d’euros, son record historique depuis 15 ans.
  • Par ailleurs, de nombreuses réductions fiscales en faveur des entreprises ont été octroyées avec un impact jugé faible sur l’emploi, les salaires ou encore l’investissement.
  • Courant 2022, l’écart entre les salaires et l’inflation s’est creusé de manière exceptionnelle. Si les salaires n’augmentent pas de façon comparable à l’inflation, cet écart pourrait persister, car l’inflation devrait durer. Cela dégraderait fortement le pouvoir d’achat des salariés du secteur privé.

« Ces éléments plaident pour un rééquilibrage du partage de la valeur entre dirigeants et salariés, mais aussi entre actionnaires et salariés », indique Jean-Marc Etienne, expert NAO chez Secafi.

Les actions à mettre en place

« Face au constat de captation grandissante de la valeur ajoutée par la structure actionnariale et de faiblesse structurelle des rémunérations, la question du partage de la valeur ajoutée, au même titre que la structure des coûts, doit être discutée et débattue dans les CSE et lors des négociations avec les organisations syndicales », recommande Alice Rustique, chargée d’études au Centre Etudes & Data du Groupe Alpha.

Sur le partage de la valeur, une approche globale est indispensable, dont voici les actions à mener :

  • Apprécier la performance économique, ce qui suppose d’analyser les résultats économiques et financiers, sous un autre angle que celui de la direction, pour donner du poids à vos revendications lors des NAO. Il est recommandé d’apprécier cette performance dans le cadre de l’information/consultation sur la situation économique et financière de l’entreprise en désignant un expert-comptable qui aura accès à toute l’information disponible dans l’entreprise, qui aura les compétences et le temps pour l’analyser et qui mettra en œuvre une pédagogie pour vous la rendre accessible ;
  • Analyser le partage de la valeur ajoutée. Il s’agit de comprendre la répartition de la richesse dans l’entreprise pour structurer et contextualiser vos demandes lors des NAO. En parallèle de l’expertise économique, cette analyse est effectuée via l’expertise politique sociale qui donne à l’expert accès au fichier du personnel avec tous les éléments de rémunérations et sur plusieurs années. 
  • Analyser la politique des rémunérations, c’est-à-dire examiner la politique de rémunération de l’entreprise, et la mettre en perspective par rapport au secteur d’activité, pour chiffrer les revendications des NAO. Il faut ainsi structurer vos demandes lors des NAO en priorisant les salaires de base, les éléments pérennes pour les salariés qui alimentent les organismes sociaux, indispensables comme les caisses de retraite, contrairement aux éléments variables et non cotisables comme les primes dites « de partage de la valeur », l’intéressement et la participation.
  • Analyser le partage du profit dans votre entreprise entre la participation, l’intéressement, la PPV, les résultats nets et les dividendes. Cette analyse est effectuée dans le cadre de l’information/consultation sur la situation économique et financière de l’entreprise.

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Concepts clés et définitions : #NAO ou négociation annuelle obligatoire