Dialogue social

Europe sociale : la position des candidats aux élections européennes (débat CFDT)

Par Agnès Redon | Le | Gouvernement

La CFDT a invité, le 23 mai 2024, les candidats aux élections européennes pour échanger, entre autres, sur leur vision de l’Europe sociale.

Les candidats invités à s’exprimer sur leur programme social pour l’Europe - © D.R.
Les candidats invités à s’exprimer sur leur programme social pour l’Europe - © D.R.

« Baisser les impôts de production et les cotisations sociales » (Aurélien Caron, Les Républicains)

Aurélien Caron, Les Républicains  - © D.R.
Aurélien Caron, Les Républicains - © D.R.

« Sur l’Europe sociale, notre formation politique défend le principe de subsidiarité. Cela signifie que l’Europe doit intervenir là où elle apporte une valeur ajoutée pour les citoyens, tout en laissant la main au niveau le plus proche du terrain, c’est-à-dire les collectivités territoriales, les entreprises, les branches, etc. Par ailleurs, l’Europe a permis de faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes, notamment par des directives au cours des 20 dernières années.

L’Europe s’est également mobilisée sur le travail détaché, notamment avec les représentants des routiers sur la question du travail, de manière à mettre en place des règles plus contraignantes. 

  • La priorité est de baisser les impôts de production et les cotisations sociales, qui grèvent la compétitivité de nos entreprises. 
  • Ensuite, il faut baisser les charges sociales salariales pour rapprocher au maximum le salaire net des Français de leur salaire brut. »

« Un droit de veto social européen » (Marie Toussaint, Europe Écologie Les Verts)

Marie Toussaint, Europe Écologie Les Verts - © D.R.
Marie Toussaint, Europe Écologie Les Verts - © D.R.

« Pour l’Europe sociale, la première chose à faire est de changer de modèle. Pour cela, il faut rendre contraignant le socle des droits sociaux, en le mettant à jour à travers un élargissement avec des objectifs de développement durable. Pour faire de la lutte contre la pauvreté et les injustices sociales la colonne vertébrale de l’action européenne, et par effet ricochet, en France, un droit de veto social européen permettrait que plus aucune mesure votée dans l’Union européenne ne puisse dégrader les conditions de vie des plus précaires.

Il faut également étendre la taxe carbone aux frontières à l’ensemble des produits manufacturés et substances toxiques, par un impôt sur la fortune (ISF) climatique. Il s’agit de mettre en place une fiscalité sur les entreprises, pour éviter le dumping fiscal entre les États de l’Union, et de rehausser la protection sociale pour les travailleuses et travailleurs, les salaires et les revenus. »

« L’indexation des salaires sur l’inflation dans tous les États membres » (Manon Aubry, La France Insoumise)

Manon Aubry, La France Insoumise - © D.R.
Manon Aubry, La France Insoumise - © D.R.

« Il y a une question sur laquelle nous avons beaucoup travaillé avec les syndicats européens qui est celle du grand retour de l’austérité budgétaire en Europe. L’Europe sociale ne s’est jamais vraiment matérialisée, avec le salaire le plus faible en Europe qui est de 332 € en Bulgarie, contre 2 256 € au Luxembourg. L’Europe sociale nous a été promise, mais a été trahie : après le dernier élargissement de l’Europe, la moitié des usines qui ont fermé en France ont été délocalisées au sein même de l’Union européenne.

C’est pour cela qu’il faut :

  • établir un salaire minimum européen d’au moins 75 % du salaire médian de chaque pays, soit 1 600 € net en France ;
  • adopter une directive européenne pour indexer les salaires sur l’inflation dans tous les États membres.

Sans cela, il y a un dumping, une concurrence sociale au sein même de l’Union européenne contre laquelle on doit se mobiliser. »

« L’Europe : l’avant-garde féministe dans le monde » (Raphaël Glucksmann, Place Publique-Parti Socialiste)

Raphaël Glucksmann, Place Publique-Parti Socialiste - © D.R.
Raphaël Glucksmann, Place Publique-Parti Socialiste - © D.R.

« L’Europe sociale est au cœur de notre projet. Sur notre continent européen, nous avons des multimillionnaires qui ne payent pas leur juste part à l’effort de solidarité. Nous proposons de faire passer la taxation minimale des multinationales de 15 % à 25 % d’impôt sur les sociétés. Nous sommes pour une Europe fiscale.

Par ailleurs, nous voulons faire de l’Europe l’avant-garde féministe dans le monde. L’idée est de garantir à chaque femme européenne de pouvoir bénéficier des législations existantes les plus progressistes, les droits les plus protecteurs de l’UE, en adoptant la “clause de l’Européenne la plus favorisée”. Ainsi, chaque Européenne pourrait bénéficier de la politique d'égalité salariale ou du congé parental qui existent dans les pays scandinaves. »

« Un compte personnel de formation à l’échelle européenne » (Valérie Hayer, Renaissance-MoDem-Horizons)

Valérie Hayer, Renaissance-MoDem-Horizons - © D.R.
Valérie Hayer, Renaissance-MoDem-Horizons - © D.R.

« Je souhaite qu’on fasse de l’Europe le continent des avancées sociales en matière de droit du travail. Pour ce faire, il faut que nous puissions avancer sur le compte personnel de formation en France, que nous l’étendions à l’échelle européenne pour permettre à tous les travailleurs de bénéficier d’accès à des formations d’excellence. Et ce, partout en Europe. 

Il faut également avancer sur les sujets relatifs au télétravail et au droit à la déconnexion. En effet, lors de la crise sanitaire, il y a eu un déploiement massif du télétravail, avec des difficultés à faire la part des choses entre la vie privée et la vie professionnelle.

Je porte aussi l’idée qu’on exige des entreprises qu’elles respectent les standards sociaux pour prétendre aux fonds européens, avec une conditionnalité des aides. »

« L’harmonisation sociale à l’échelle européenne sur les salaires » (Léon Deffontaines, Parti communiste Français)

Léon Deffontaines, Parti Communiste Français - © D.R.
Léon Deffontaines, Parti Communiste Français - © D.R.

« L’Europe sociale suppose la réduction des inégalités. L’Europe s’est construite autour de deux piliers, la promesse de démocratie et de prospérité.

Or aujourd’hui, nous avons une forme de technocratie et, surtout, les inégalités sociales, la pauvreté partout sur le continent.

Pour limiter ces inégalités, nous souhaitons l’instauration :

  • d’un salaire plancher en dessous duquel les États ne pourraient pas rémunérer les travailleurs ;
  • d’un salaire plafond dans les entreprises pour limiter les écarts de salaires de 1 à 20.

Par ailleurs, l’harmonisation sociale à l’échelle européenne sur les salaires est nécessaire. Il y a de grandes disparités entre les pays. Nous sommes pour le respect de la subsidiarité et la souveraineté des peuples et des travailleurs dans chaque État membre, mais l’Union européenne doit être un levier du mieux-disant social. »