Effet de l’inflation : le Smic augmente de 1,81 % à partir du 1ᵉʳ janvier 2023
Par Agnès Redon | Le | Réclamations
Le Smic augmentera de 1,81 % à compter du 1ᵉʳ janvier 2023. Il s’établira ainsi à 1709,28 euros brut par mois, soit 1353,07 euros net. Le Smic horaire brut passera ainsi à 11,27 euros, soit 20 centimes de plus par rapport à la valeur actuelle, a annoncé le 15 décembre 2022 le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion. Pour les organisations syndicales, cette revalorisation reste insuffisante.
Etat des lieux du Smic
« 2,5 millions de salariés du secteur privé non-agricole bénéficient directement de cette revalorisation, soit 14,5 % des salariés, après 12,0 % un an plus tôt », signale la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) dans son étude publiée en décembre 2022.
Les bénéficiaires
Dans le détail, la proportion de bénéficiaires de la revalorisation du Smic est plus élevée parmi :
- les salariés à temps partiel : 29,5 %, contre 11,1 % pour ceux à temps complet ;
- les salariés des très petites entreprises : 24,5 % dans celles de 1 à 9 salariés, contre 12,2 % dans les autres.
55,3 % des salariés concernés sont des femmes, alors qu’elles représentent 45,1 % des salariés du secteur privé non-agricole. Cette proportion est en baisse de 4 points sur un an.
Effet de l’inflation
Cette hausse automatique du Smic est liée à l’accélération de l’inflation.
En effet, les prix à la consommation progressent de 0,4 % sur un mois et de 6,2 % sur un an en novembre 2022, d’après les derniers chiffres publiés par l’Insee le 30 novembre 2022.
Pour rappel, le Smic avait déjà été automatiquement revalorisé de 2,01 % au 1er août 2022.
Réaction des organisations syndicales
La CGT en faveur du Smic à 2000 euros bruts mensuels
« Qui peut encore oser penser qu’on peut vivre dignement avec 1709 euros bruts par mois ? », a réagi la CGT dans un communiqué du 15 décembre 2022.
« Pour permettre à toutes et tous de vivre de son salaire, pour reconnaître les qualifications, pour participer au financement de la protection sociale et améliorer le niveau des pensions, la CGT propose de porter immédiatement le Smic à 15 euros/heure soit 2000 euros bruts mensuels (base 32h par semaine). Cela doit s’accompagner de l’augmentation de tous les salaires ».
Plus précisément, la CGT propose :
- l’augmentation automatique de l’ensemble des minima dans les branches, à chaque revalorisation du Smic ;
- l’ouverture immédiate des négociations dans l’ensemble des branches professionnelles pour créer la dynamique salariale appelée des salariés ;
- la remise en place urgente d’une échelle mobile des salaires, c’est-à-dire l’indexation automatique de tous les salaires sur le coût de la vie. Cette mesure indispensable existe en Belgique et au Luxembourg, deux pays membres de l’Union Européenne.
La CFDT en faveur de la conditionnalité des aides
La CFDT ne se satisfait pas de cette revalorisation mécanique liée à l’inflation « qui ne change pas la situation des travailleuses et des travailleurs soumis à des bas salaires », a-t-elle annoncé le 16 décembre 2022.
« Comme les années précédentes le groupe d’experts chargé de conseiller le gouvernement, recommande de supprimer la revalorisation automatique du Smic. Cette année, le groupe va plus loin en proposant d’indexer le Smic sur la moyenne des évolutions des salaires minimaux d’un panel de branches représentatives. La CFDT est en désaccord avec ces propositions. Calculer l’augmentation du Smic sur les minima de certaines branches fournirait plutôt une raison supplémentaire aux employeurs de freiner l’évolution des salaires de la branche. »
La conditionnalité des aides « est et reste un levier plus fort pour amener les employeurs à négocier de réelles augmentations des salaires minima et éviter le basculement des minima de branches sous le Smic. Avec cette revalorisation, au 1er janvier 2023, 137 branches sur les 171 du secteur général couvrant plus de 5000 salariés seront en situation de non-conformité au regard du Smic ».
Pour cette raison, la CFDT souhaite « redonner du sens aux systèmes salariaux dans les branches et dans les entreprises, en remettant à plat les systèmes de classification qui tiennent compte des compétences mobilisées par les salariés ».
Aussi, pour lutter contre l’inaction salariale, la CFDT propose que les entreprises, qui emploient des salariés dont le salaire est maintenu au niveau du Smic depuis plus de deux ans, perdent automatiquement les bénéfices des exonérations les concernant.
FO : redonner leur place aux interlocuteurs sociaux
La confédération FO a indiqué avoir décliné l’invitation à être auditionnée par le groupe d’experts chargé d’émettre des recommandations sur la réévaluation du Smic prévue au 1er janvier prochain.
En effet, « depuis treize ans, ces derniers se prononcent inlassablement contre toute augmentation du salaire minimum, hors mécanisme de réévaluation automatique, sans jamais tenir compte des positions défendues par les organisations syndicales », dénonce la confédération FO.
« Ces experts, qui estiment que le niveau du Smic serait un obstacle au plein emploi, tentent même de remettre en cause le mécanisme d’indexation automatique du salaire minimum sur l’inflation ».
Ainsi FO revendique notamment :
- la suppression du groupe d’experts Smic et un retour à une participation des interlocuteurs sociaux dans la fixation et l’actualisation du niveau du Smic ;
- une hausse du Smic à hauteur de 80 % du salaire médian, soit 1604 euros net, soit 1329,05 euros actuellement ;
- l’ouverture sans délai de négociations salariales dans les branches professionnelles, notamment dans celles ayant au moins un coefficient inférieur au Smic.
- la consécration d’un principe fondamental de non-substitution de l’épargne salariale aux évolutions salariales.
Pour consulter l’étude de la Dares sur la revalorisation du Smic, cliquez ICI
Concepts clés et définitions : #Smic ou Salaire minimum interprofessionnel de croissance