Conclave : « Un accord possible » (CFDT), « D’accord pour transmettre les points de friction » (Medef)
« Les trois organisations syndicales ont fait part des points qui pouvaient nous convenir, en lien avec la voie de passage proposée le 17/06/2025 et vont adresser une liste commune des points de blocage au Premier ministre » déclare Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, à l’issue de la réunion des trois organisations syndicales (CFDT, CFTC et CFE-CGC) avec le Premier ministre, à Matignon le 24/06/2025. « Un accord reste possible, à condition que les points essentiels soient pris en compte. Mais s’il n’y a ni réparation réelle de la pénibilité ni financement équilibré des mesures, alors ce sera sans la CFDT ».

« Un accord reste possible, à condition que les points essentiels soient pris en compte » (Marylise Léon)

« Lors de la réunion du 24/06/2025, les trois OS ont fait part des points qui pouvaient nous convenir, en lien avec la voie de passage proposée le 17/06/2025. Puis, nous avons listé les points de désaccord, que le patronat ne veut toujours pas lever. Nous avons indiqué que les trois OS adresseraient une liste commune des points de blocage au Premier ministre.
L’idée est qu’il n’y ait pas de nouvelle séance de négociation. Il est de la responsabilité du Premier ministre d’en prendre acte et de faire des propositions, d’ici la fin de la semaine.
Concernant les avancées, certaines propositions sur les carrières des femmes sont intéressantes. Mais pour la CFDT, il manque un élément fondamental : la réparation de la pénibilité. Trois critères ergonomiques, vibrations, postures pénibles et gestes répétitifs, avaient été retirés du dispositif de prévention et de réparation. Ils sont certes réintroduits, mais selon des modalités définies par le patronat qui ne nous conviennent absolument pas : il faudrait désormais qu’une visite médicale atteste que la personne est malade pour déclencher les droits. Or, pour nous, la réparation de la pénibilité est une mesure de justice sociale.
Nous ne regrettons pas d’avoir été jusqu’au bout de ces discussions, car le sujet de retraites n’a jamais été discuté de manière aussi approfondie. L’équilibre que nous pourrions atteindre aujourd’hui ne correspond pas à nos objectifs initiaux, mais il reste possible.
Nous sommes toujours opposés au recul de l’âge légal à 64 ans. Cela fait partie de notre position constante. Mais si des avancées peuvent être obtenues, nous devons penser d’abord aux salariés que nous représentons. Ces avancées ne sont possibles qu’en restant présents dans les discussions.
Le Premier ministre François Bayrou a souhaité que les partenaires sociaux puissent prendre la main dans ce processus. Nous lui avons dit qu’il était temps de prendre ses responsabilités. Il a voulu faire de la réforme des retraites un sujet central : qu’il assume ce qu’ont validé ensemble les organisations présentes mardi dernier. Nous, les syndicats, avons fait largement notre part du travail. Un accord reste possible, à condition que les points essentiels soient pris en compte. Mais s’il n’y a ni réparation réelle de la pénibilité, ni financement équilibré des mesures, alors ce sera sans la CFDT. »
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, à l’Hôtel de Matignon le 24/06/2025
« Pas question de rouvrir les négociations » (Cyril Chabanier)

« Le texte présenté la semaine dernière par Jean-Jacques Marette s’articule autour de trois grandes thématiques, qui correspondent à des revendications majeures portées collectivement par les organisations syndicales. Marylise Léon a évoqué la question de la pénibilité, qui constitue un enjeu essentiel. J’y ajoute deux autres sujets centraux : le travail des femmes, et plus spécifiquement la retraite des mères de famille, ainsi que l’âge d’annulation de la décote.
Pour trouver un accord, et avoir la validation de la CFTC, il faudra que le patronat fasse un geste sur la pénibilité, notamment sur la réparation, sur la retraite des femmes, et sur un abaissement de l’âge d’annulation de la décote. Dans ce cas, on peut imaginer de trouver un accord.
Jean-Jacques Marette doit encore échanger avec le patronat. Mais pour nous, un texte proche de celui qu’il a proposé constitue la seule base sérieuse de compromis, éventuellement avec quelques amendements mineurs. Il n’est pas question de rouvrir les négociations : nous avons déjà consenti de nombreuses concessions, et elles figurent dans ce texte. Ce texte est donc à prendre ou à laisser.
Quant à la participation patronale, elle reste indispensable. Si les employeurs souhaitent proposer d’autres modalités de contribution que le forfait social, cela peut être discuté. L’essentiel, c’est qu’il y ait une participation juste et équilibrée. »
Cyril Chabanier, président de la CFTC, à l’Hôtel de Matignon le 24/06/2025
« Indispensable que les employeurs participent financièrement » (Christelle Thieffinne)

« Sur le financement, le principe fondamental est celui de l’effort partagé. La capitalisation peut être un outil parmi d’autres, mais la vraie question reste : qui met de l’argent ? Pour retrouver un équilibre durable, il est indispensable que les employeurs participent financièrement.
Nous nous sommes heurtés à un refus catégorique du patronat de contribuer, pendant des semaines. Ce manque de volonté est extrêmement préoccupant. On ne peut pas changer les règles du jeu au dernier moment, comme l’a fait le patronat récemment. Ce comportement témoigne clairement d’une posture qui ne veut pas aboutir à un accord. »
Christelle Thieffinne, CFE-CGC, à l’Hôtel de Matignon le 24/06/2025
« Nous transmettrons au Premier ministre la liste des points de friction avec les OS » (Patrick Martin)

« Lors de la réunion du 24/06/2025, le Premier ministre nous a demandé de pointer les sujets sur lesquels des désaccords demeurent avec les organisations syndicales. Nous allons évidemment nous prêter à l’exercice.
Nous sommes conscients que les trois organisations syndicales qui étaient encore autour de la table du conclave ont fait une avancée significative. Mais je ne voudrais pas qu’il soit oublié que, du côté patronal (Medef et CPME), nous avons également fait des avancées considérables sur des sujets qui nous paraissent extrêmement sensibles pour les salariés et les retraités, notamment sur les carrières des femmes. Le moins que l’on puisse dire est que nous avons été de bonne foi et extrêmement constructifs dans ce débat.
Nous sommes donc d’accord pour transmettre au Premier ministre, ainsi qu’à la ministre du Travail, la courte liste des points de friction qui demeurent avec les organisations syndicales, dans l’esprit d’aboutir à un accord. Cependant, nous ne perdons pas de vue ce que nous avions annoncé dès l’origine de manière transparente : nous sommes soucieux de l’équilibre financier de nos régimes de retraite.
Il s’agit de préserver l’équilibre financier des retraites, et d’éviter que cela se traduire par une augmentation des prélèvements obligatoires - sur les salariés ou sur les entreprises. Il ne s’agit pas d’une posture mais d’une position de principe, de pragmatisme.
Il s’agit donc de préserver l’équilibre financier des régimes de retraite, mais aussi de ne pas dégrader une compétitivité qui l’est déjà suffisamment. Les organisations syndicales s’intéressent à des poches de financement identifiées, notamment en lien avec les carrières longues : ce dispositif est utile et nécessaire, dans un bon nombre de cas. Pour autant, il ne se justifie pas dans d’autres cas. Des solutions financières existent sans augmentation du coût du travail, et sans altération de la compétitivité.
Le Medef a déjà proposé des avancées concernant sur les femmes, sur l’âge d’annulation des droits et sur la prévention. Ce sont tout de même des avancées considérables. Il est de la responsabilité des partenaires sociaux de trouver un équilibre, et non pas un déséquilibre. Il y a trois ou quatre mois, aucun de nos interlocuteurs syndicaux n’aurait imaginé qu’on aille aussi loin sur tous ces sujets que je viens de dire.
Au cours de cette réunion, j’ai redit au Premier ministre que, si le dossier des retraites est avant tout social, il ne faut pas oublier qu’il a également une dimension économique considérable. Il est de ma responsabilité de le rappeler. »
Patrick Martin, président du Medef, à l’Hôtel de Matignon le 24/06/2025
« Il existe un chemin, très difficile, pour sortir de cette impasse » (François Bayrou)

« J’ai pris l’initiative d’inviter les OS qui ont travaillé avec volonté d’aboutir, sous la responsabilité de Jean-Jacques Marette, et les OP pour regarder si les accords partiels dessinés - dont on était très près de faire un accord définitif - pouvaient être sauvés.
Il existe un chemin, très difficile, qui peut permettre de sortir de cette impasse. Cela devrait déboucher sur un texte qui pourra être examiné par la représentation nationale.
Quel que soit le chemin législatif ou réglementaire que nous prendrons, il est inacceptable de détruire l’équilibre financier, dont nous avons le plus besoin. Je maintiendrai, le Gouvernement maintiendra et j’espère que les parlementaires maintiendront l’impératif de responsabilité morale que nous endossons à l’égard des générations qui viennent. »
François Bayrou, Premier ministre, lors des Questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale le 24/06/2025
« Ce n’est jamais un échec de dialoguer » (Astrid Panosyan-Bouvet)

« Beaucoup parlent du dialogue social et certains le font. Nous avons décidé de redonner la parole aux partenaires sociaux sur le sujet essentiel des retraites, à partir d’un diagnostic partagé de la Cour des comptes.
Les partenaires sociaux qui sont restés autour de la table ont convenu d’une lettre d’objectif : le retour à l’équilibre à 2030, la correction de certaines injustices concernant les femmes, l’usure professionnelle, la gouvernance et le sentiment d’un effort partagé.
Depuis quatre mois, sous l’animation de Jean-Jacques Marette, il y a eu des convergences notables. Ces discussions doivent encore continuer, sur la base des convergences, qui ne sont pas négligeables, identifiées. On va donc continuer, parce qu’il s’agit de la question de l’avenir des retraites, des entreprises, des employeurs et des retraités.
Le 23/06/2025, les partenaires sociaux ne sont pas encore parvenus à un accord. C’est une occasion manquée, d’autant plus que nous étions tout prêts d’un compromis. Avec le Premier ministre François Bayrou, nous restons persuadés qu’il existe des points de convergences à approfondir ainsi qu’une voie de passage. Notre responsabilité collective est de les explorer jusqu’au bout. Ce n’est jamais un échec de dialoguer, et de poursuivre le dialogue. »
Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée travail et de l’emploi, lors des Questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale le 24/06/2025