Dialogue social

Groupe Suntory : « Le maintien des emplois, notre principale revendication » (Youen Le Noxaïc, FO)


« Notre principale revendication est le maintien des emplois à La Courneuve. Si cela s’avère impossible, nous demandons un PSE proportionnel au préjudice subi, d’autant plus que le groupe Suntory est en bonne santé financière », déclare Youen Le Noxaïc, délégué syndical FO du site Suntory à La Courneuve.

Il s’exprime au sujet de l’annonce faite le 02/10/2025 par le groupe Suntory concernant la fermeture de l’usine Orangina à La Courneuve. Une première réunion de négociation avec la direction a eu lieu au début du mois de novembre 2025.

Groupe Suntory : « Le maintien des emplois, notre principale revendication » (Youen Le Noxaïc, FO)
Groupe Suntory : « Le maintien des emplois, notre principale revendication » (Youen Le Noxaïc, FO)

Pouvez-vous expliquer le contexte de la fermeture de l’usine Orangina à La Courneuve ?

Le 02/10/2025, le groupe Suntory a annoncé la fermeture de l’usine de La Courneuve, qui impacte 105 emplois. Parmi ces employés, 56 ont la possibilité d’être mutés à Donnery dans le Loiret, tandis que 49 autres feront l’objet d’un licenciement sec.

Dès mai 2025, nous avions tiré la sonnette d’alarme, constatant l’absence de nouvelles embauches et d’investissements sur le site

L’usine de La Courneuve, en activité depuis 1970, est un site historique possédant des compétences particulières. En 2023, le groupe Suntory nous a mis au défi d’améliorer notre compétitivité en termes d’objectifs de production et d’économie d’énergie. Les salariés ont relevé ce défi, rassurés par le discours de la direction sur la pérennité du site. Cependant, en décembre 2024, Pepsi-Cola a décidé de mettre fin à une collaboration qui durait depuis 1992 sur le format canette, représentant 35 % des volumes de La Courneuve. La direction a alors assuré que les volumes seraient répartis entre les usines et que La Courneuve continuerait de fonctionner 96 heures par semaine sur la canette, comme prévu.

Le contrat avec Pepsi s’est terminé fin septembre 2025. Dès mai 2025, nous, chez Force ouvrière, avions tiré la sonnette d’alarme, constatant l’absence de nouvelles embauches et d’investissements sur le site. Le 05/06/2025, le directeur des opérations nous a informés de l’objectif d’atteindre un bénéfice net de 200 M€ en 2030, contre 128 M€ en 2024, confirmant que toutes les options, y compris la fermeture, étaient envisagées. Les salariés, espérant que nous nous trompions, ont continué à croire que les décisions pourraient changer. Malheureusement, les réunions successives ont confirmé nos craintes.

Le 26/09/2025, lors de la signature de l’ordre du jour du CSE extraordinaire annonçant la réorganisation du groupe, il est devenu évident que la fermeture était inévitable. Suntory a justifié cette décision par l’enclavement du site et l’impossibilité d’agrandissement, ainsi que des problèmes de voisinage. Cependant, ces arguments ne tiennent pas, car des discussions avec les autorités locales en 2022 avaient permis la préemption d’un terrain de deux hectares pour un éventuel agrandissement. De plus, les plaintes de voisinage ont cessé depuis dix ans, selon les autorités locales. La fermeture semble motivée par le bénéfice des actionnaires, ce qui justifie notre décision de nous battre.

Quel est le calendrier des négociations avec la direction ?

La première réunion a eu lieu au début du mois de novembre 2025.

Même si la direction envisage de revoir ses propositions, celles de départ ne sont pas à la hauteur

Les premiers thèmes abordés concernent les possibilités de reclassement, bien que cela n’intéresse pas les salariés de La Courneuve. Leur priorité est de se battre pour maintenir le site ouvert, car les motifs de fermeture ne sont pas justifiés. Le premier objectif est de sauver le site.

Même si la direction envisage de revoir ses propositions, celles de départ ne sont pas à la hauteur. La Courneuve compte de nombreux salariés ayant moins de dix ans d’ancienneté, et les propositions actuelles sont inacceptables. Nous demandons soit une réindustrialisation, soit le maintien d’une partie du site pour des activités logistiques, afin de préserver nos plus anciens et nos plus fragiles. Sinon, la direction devra compenser financièrement. La deuxième réunion est prévue pour le 25/11/2025, avec un calendrier de négociations jusqu’à la mi-mars 2026. Le temps imparti est très court.

Quelles sont vos revendications lors de ces négociations ?

Notre principale revendication est le maintien des emplois à La Courneuve. Si cela s’avère impossible, nous demandons un PSE proportionnel au préjudice subi, d’autant plus que le groupe Suntory est en bonne santé financière. En effet, malgré une baisse de consommation de 4 %, nous avons les moyens d’y faire face et de rebondir lorsque l’activité reprendra.

La fermeture de La Courneuve générerait 6 M€ de bénéfices annuels pour Suntory, ce qui est dérisoire par rapport aux 128 M€ de bénéfices actuels. Suntory a bénéficié d’aides publiques, comme le CICE, et a cessé tout investissement à La Courneuve. Les discussions avec les autorités locales ont également été interrompues.

Pensez-vous qu’il existe des alternatives viables à la fermeture ?

Nous espérons un retour en arrière de Suntory

Il existe peut-être des repreneurs potentiels, mais Suntory a dépeint le site comme enclavé, ce qui dissuade les repreneurs. Vendre une usine vide, sans machines, avec des salariés et des problèmes sociaux, rend la reprise peu attrayante. Nous espérons un retour en arrière de Suntory, car l’usine est rentable et viable. Si cela n’est pas possible, la direction devra compenser financièrement. Nous savons que le combat sera difficile.