Dialogue social

Retraites : l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation et de grève le 13 avril

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Après une rencontre jugée décevante avec la Première ministre Elisabeth Borne, l’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de mobilisation et de grève le 13 avril 2023. Elle se réunira à l’issue de la décision du Conseil constitutionnel.

Intersyndicale : appel à une nouvelle journée de mobilisation et de grève le 13 avril - © D.R.
Intersyndicale : appel à une nouvelle journée de mobilisation et de grève le 13 avril - © D.R.

L’intersyndicale a soumis au Conseil constitutionnel, qui rendra sa décision le 14 avril 2023, des argumentaires considérant que cette loi devrait être déclarée « contraire à la Constitution ».

L’intersyndicale appelle à une journée de mobilisations et de grève le 13 avril.

Elle « soutient toutes les actions et initiatives intersyndicales de mobilisations, y compris le 14 avril, pour gagner le retrait de cette réforme », a indiqué l’intersyndicale dans son communiqué publié le 6 avril 2023, à l’issue de la 11ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

« Le contexte est inédit. Dans ce climat de fortes tensions que l’on peut qualifier de grave crise démocratique et sociale, l’exécutif s’arc-boute et porte seul la responsabilité d’une situation explosive dans l’ensemble du pays. »

Cet appel à la mobilisation et à la grève fait suite à la réunion de l’intersyndicale avec la Première ministre Elisabeth Borne le 5 avril 2023.

L’intersyndicale « claque la porte » à la réunion avec la Première ministre 

« Face au mutisme du gouvernement, qui refuse de retirer sa réforme, l’intersyndicale réunie ce 5 avril à Matignon est rapidement sortie, toujours unie. Elle en appelle désormais à la sagesse du Conseil constitutionnel et à la mobilisation des travailleurs », a déclaré l’intersyndicale à la sortie de l’entretien avec la Première ministre.

  • À l’occasion de cette réunion avec Élisabeth Borne, « nous lui avons une fois de plus dit combien sa réforme était aussi injuste que brutale. Nous avons donc répété à la Première ministre qu’il ne saurait y avoir d’autre issue démocratique que le retrait du texte. Élisabeth Borne a répondu qu’elle souhaitait maintenir son texte. C’est une décision grave. Cette réforme est refusée par la quasi-totalité de la population, il faut la retirer », a précisé Cyril Chabanier, président de la CFTC, au nom de l’intersyndicale à la sortie de la réunion.
  • « Nous les sentons fébriles, en difficulté. Ils continuent de répéter les mêmes éléments de langage qu’ils ont répété depuis le début », a rapporté Benoît Teste, secrétaire général du FSU au sujet de la réunion. « Nous avons poussé le gouvernement dans ses retranchements. Nous avons posé la question du retrait de la réforme huit fois. Élisabeth Borne a voulu partir sur autre chose, nous dire qu’il faudrait reprendre le dialogue sur l’ensemble des sujets. À chaque fois, nous l’avons interrompue pour lui demander de répondre à notre question et lui dire qu’en l’absence de réponse à celle-ci, le dialogue ne sera pas possible sur les autres sujets ».
  • « C’est la première fois que nous étions reçus depuis le 10 janvier 2023, jour de l’annonce de cette réforme. C’est bien tard. Les sujets d’usure au travail, de salaires, d’emploi des seniors sont des questions extrêmement importantes, mais qui sont corrélés au sujet des retraites. Pourquoi ne pas avoir commencé par cela, dans une formule de conférence sociale, lorsqu’il était temps au mois d’octobre 2022 ? », a interrogé Laurent Berger, secrétaire générale de la CFDT.
  • « Le report à 64 ans de l'âge légal de départ en retraite aura sur la vie de nos concitoyens, sur leur santé, sur leurs projets, des conséquences très concrètes. C’est pourquoi nous ne retournerons pas à la table des concertations comme si de rien n'était et appelons une fois encore au retrait pur et simple de ce texte », a souligné Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT.

Une réunion perçue comme « une étape importante » selon Élisabeth Borne

« C'était un échange respectueux où chacun a pu s’exprimer. J’ai entendu tour à tour chacune des organisations syndicales, j’ai entendu leurs désaccords sur le relèvement de l'âge et j’ai pu leur redire ma conviction et celle de mon gouvernement sur la nécessité de cette réforme », a déclaré Élisabeth Borne, à l’issue de la réunion.

Concernant les sujets évoqués avec les syndicats, la Première ministre cite :

  • « les carrières longues »,
  • « la pénibilité »,
  • « l’usure professionnelle »,
  • « l’emploi des seniors ».

« Même si nos désaccords sur l'âge n’ont pas permis d’en discuter de façon approfondie, cette réunion marque une étape importante. Les organisations syndicales sont disponibles pour travailler ultérieurement sur ces sujets. Je leur ai dit ma disponibilité également et celle de mon gouvernement. Je n’envisage pas d’avancer sur ces sujets sans les partenaires sociaux. »