Présidence de la CFE-CGC : « Mon objectif est de moderniser la centrale » (Frédéric Guyonnet)
« Mon objectif principal est de moderniser la CFE-CGC, d’attirer les jeunes et de renforcer notre présence sur le terrain. Aujourd’hui, comme beaucoup d’autres centrales syndicales, nous sommes souvent centrés sur de grands discours et des politiques générales, ce qui nous éloigne parfois du terrain. Nous devons revenir à la base, être proches des militants et des salariés, et redonner du pouvoir à nos régions », déclare Frédéric Guyonnet, président du SNB. Il vise la présidence de la CFE-CGC en juin 2026.
Avec votre parcours dans le secteur bancaire, quelles leçons tirez-vous de cette expérience et que vous pourriez appliquer à la présidence de la CFE-CGC ?
Mon expérience dans le secteur bancaire m’a permis d’acquérir une vision globale du fonctionnement économique et social de divers secteurs. En tant que gestionnaire d’entreprises de grande taille et de PME, j’ai pu observer de près les stratégies économiques et sociales des dirigeants. Cela m’a offert une perspective unique sur des secteurs variés tels que la grande distribution, la pharmacie, la métallurgie, entre autres. Ce regard transversal est un atout considérable par rapport à d’autres secteurs.
Ce succès témoigne de notre capacité à attirer les jeunes vers le syndicalisme
Sur le plan syndical, je dirige depuis 2020 le SNB, le plus grand syndicat de la CFE-CGC. Nous avons développé un savoir-faire qui nous a permis de devenir la première organisation syndicale dans les grands groupes bancaires français, avec le plus haut pourcentage d’adhérents par rapport à l’effectif global du secteur bancaire au sein de la CFE-CGC.
En combinant le SNB et le syndicat du Crédit Agricole, nous représentons plus de 40 000 adhérents sur un total de 360 000 salariés dans le secteur bancaire. Ce succès témoigne de notre capacité à attirer les jeunes vers le syndicalisme, un aspect crucial pour assurer la pérennité de la CFE-CGC, qui doit se renouveler.
Votre candidature à la présidence de la CFE-CGC est une première pour un représentant du secteur bancaire. Quelles nouvelles perspectives pensez-vous pouvoir apporter à la confédération ?
Effectivement, ma candidature serait une première, non seulement pour la CFE-CGC, mais pour l’ensemble des confédérations syndicales françaises, telles que la CGT ou la CFDT, qui n’ont jamais été dirigées par quelqu’un issu du secteur bancaire.
Un syndicalisme plus orienté vers le service et plus proche du terrain
À 46 ans, je m’inscris dans une dynamique de rajeunissement, à l’instar de Marylise Léon à la CFDT et Sophie Binet à la CGT. Les centrales syndicales ont choisi de rajeunir leurs dirigeants, et la CFE-CGC doit suivre cette voie. Mon objectif est de moderniser la CFE-CGC et de l’inscrire dans un nouveau syndicalisme pour les dix prochaines années, un syndicalisme plus orienté vers le service et plus proche du terrain.
Le secteur bancaire a ses propres défis et spécificités. Comment envisagez-vous de concilier ces particularités avec les besoins et les attentes des autres secteurs représentés par la CFE-CGC ?
Le secteur bancaire est unique en ce qu’il a une connaissance approfondie des autres secteurs. En accompagnant les dirigeants d’entreprises dans des domaines comme la métallurgie et en participant à leurs investissements, nous avons une visibilité sur les évolutions technologiques et économiques. Cela nous permet d’anticiper les transformations futures de l’économie et du monde du travail.
Nous devons nous concentrer sur la souveraineté nationale
Il est crucial de rapatrier nos chercheurs et scientifiques en France, qui sont des créateurs d’emplois. Actuellement, un tiers de nos chercheurs s’expatrient, notamment dans des domaines comme l’intelligence artificielle et la pharmacie. Nous devons nous concentrer sur la souveraineté nationale, la création d’emplois et la réindustrialisation de la France. Nous avons élaboré un ensemble de propositions pour atteindre ces objectifs.
Quels sont les principaux objectifs et votre feuille de route si vous êtes élu à la présidence de la CFE-CGC en 2026 ?
Mon objectif principal est de moderniser la CFE-CGC, d’attirer les jeunes et de renforcer notre présence sur le terrain.
Nous ne voulons pas tout changer, mais inscrire nos actions dans la durée et la pérennité
Aujourd’hui, comme beaucoup d’autres centrales syndicales, nous sommes souvent centrés sur de grands discours et des politiques générales, ce qui nous éloigne parfois du terrain. Nous devons revenir à la base, être proches des militants et des salariés, et redonner du pouvoir à nos régions.
Il est important de mettre en avant nos unions régionales et de les intégrer dans nos stratégies avancées. Nous ne voulons pas tout changer, mais inscrire nos actions dans la durée et la pérennité.
Quels obstacles voyez-vous à votre candidature ?
Il y aura une autre liste concurrente, menée par un représentant de la métallurgie. Nous représentons le secteur tertiaire, en collaboration avec la fonction publique et la construction, tandis que l’autre camp est constitué de la métallurgie, de la chimie et de l’énergie, des bastions traditionnels de la CFE-CGC.
Nous devons nous défaire de cette image élitiste
Historiquement, la CFE-CGC a été dirigée par des représentants de l’industrie pendant la majeure partie de ses 81 ans d’existence.
Mon ambition est de changer l’image de la CFE-CGC, qui est perçue comme un syndicat de cadres élitiste. Aujourd’hui, nous représentons également les agents de maîtrise et les techniciens. Dans notre syndicat bancaire, 50 % de nos membres appartiennent à ces catégories. C’est là que réside notre force, et nous devons nous défaire de cette image élitiste.