Dialogue social

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT : « Pas de trêve, pas de médiation »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Sophie Binet, nouvellement élue secrétaire générale de la CGT ce 31 mars 2023, a confirmé les priorités des orientations approuvées lors de cette semaine de congrès confédéral.

Premier discours de Sophie Binet en tant que secrétaire générale de la CGT - © D.R.
Premier discours de Sophie Binet en tant que secrétaire générale de la CGT - © D.R.

 « Nous ne lâcherons rien »

Dans son premier discours en tant que secrétaire générale, Sophie Binet a confirmé que « l’intersyndicale unie » rencontrera Elisabeth Borne « pour exiger le retrait de la réforme des retraites. Il n’y a aura pas de trêve, pas de médiation. La lutte se poursuivra tant que cette réforme n’aura pas été retirée », a-t-elle déclaré sous les applaudissements et les chants des congressistes.

« Le retrait de cette réforme nous permettra ensuite de passer à une priorité : l’augmentation des salaires (car pour la première fois, les salaires baissent) et l’amélioration des conditions de travail  ».

Cette mobilisation contre la réforme des retraites a en effet permis « de rendre compte de la réalité des conditions de travail. Dans la moitié des métiers, il devient impossible de travailler après 50 ou 55 ans tant les conditions de travail sont pénibles », a-t-elle dénoncé.

Une feuille de route « claire »

Pour Sophie Binet, il faut « franchir un cap sur le niveau de syndicalisation en France. Nous menons une lutte historique depuis deux mois qui replace le syndicalisme au centre. Cela doit se traduire dans la durée par un renforcement conséquent de nos effectifs militants. »

S’appuyant sur le document d’orientation approuvé par les congressistes avec 72,79 % le 30 mars 2023 et qui définit la ligne de la CGT pour les trois prochaines années, Sophie Binet a rappelé les priorités de la confédération.

Concernant les industries et les services publics, l’enjeu consiste en « un plan de reconquête industrielle  » qui passe notamment par :

  • La relocalisation des industries ;
  • Une transformation de l’outil industriel pour répondre aux enjeux environnementaux. « Le contenu du dernier rapport du GIEC est plus qu’alarmant »  ;
  • La mise au « même niveau les enjeux environnementaux et les questions sociales pour sortir des oppositions délétères ».

Les priorités de la feuille de route sont également l’égalité femmes/hommes et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Enfin, elle a souligné les orientations internationalistes de la confédération. « Jamais le capital n’a été aussi mondialisé ni notre travail aussi internationalisé. La CGT est organisée de manière internationale et c’est sa marque de fabrique ».

« Pour une CGT unie et rassemblée »

Sophie Binet est revenue sur le déroulement du congrès, qu’elle a qualifié de « difficile, parfois violent ». En effet, le congrès s’est ouvert lundi 27 mars 2023 dans une atmosphère tendue : les militants se sont succédé à la tribune pour critiquer les orientations de la direction sortante, notamment sur un défaut de démocratie interne à la CGT et sur la stratégie de l’intersyndicale dans le conflit des retraites.

« Je pense que cette violence n’a pas sa place dans les rapports militants. Parfois, nous sommes plus durs envers nous-mêmes, les militants, que face aux employeurs ou face au gouvernement. Il faut que le militantisme soit un havre de paix pour retrouver de la force face aux attaques. Retrouver des rapports pacifiés ne va pas se faire du jour au lendemain. Les plaies sont importantes mais cela passe par notre culture du débat.

Il faut qu’on apprenne à travailler toutes et tous ensemble, à l’image de ce que nous savons si bien faire dans les luttes. Notre congrès a pris la responsabilité de dépasser les clivages, pour une CGT unie et rassemblée », a-t-elle souligné.