Dialogue social

Gouvernement : la CGT et FO dénoncent les annonces sociales de Gabriel Attal

Le | Gouvernement

Les organisations syndicales Force ouvrière et la CGT ont réagi aux mesures sociales annoncées par Gabriel Attal, Premier ministre, lors de sa déclaration de politique générale adressée aux députés, le 30 janvier 2024. Elles dénoncent un « tournant libéral » de sa politique.

Gouvernement : réaction de la CGT et FO aux annonces sociales de Gabriel Attal  - © D.R.
Gouvernement : réaction de la CGT et FO aux annonces sociales de Gabriel Attal - © D.R.

La réaction de FO

« Loin de défendre notre modèle social protecteur et pourtant envié partout dans le monde, les annonces [de Gabriel Attal] sont porteuses de reculs sociaux particulièrement inquiétants », estime Force ouvrière le 30 janvier 2024.

Pour la confédération, il s’agit d’une nouvelle remise en question du Code du travail et du rôle des branches :

  • « Quand le Premier ministre dit simplification des normes pour les entreprises, comment ne pas entendre déréglementation à tous les niveaux ?
  • Quand le Premier ministre dit “desmicardisation”, cela sous-entend la remise en question du Smic et de ses règles de revalorisation, mais cela ne signifie pas augmentation générale des rémunérations ou remise en place de l’échelle mobile des salaires.
  • Quand le Premier ministre dit maîtrise des dépenses sous les 3 % de déficit public, FO entend austérité salariale et nouvelles coupes budgétaires dans les services publics.
  • Quand le Premier ministre annonce la suppression de l’allocation de solidarité spécifique et sa volonté d’aller plus loin sur l’assurance chômage, comment ne pas traduire cela par de nouvelles atteintes aux droits des chômeurs ? »

La réaction de la CGT

Pour la CGT qui a réagi le 31 janvier 2024, Gabriel Attal n’a apporté aucune réponse concrète sur la préoccupation majeure des salariés.

« Le niveau des salaires et des pensions est largement insuffisants pour permettre à tous salariés et retraités de bien vivre de leur travail », estime la confédération.

« Quand il prétend vouloir “désmicardiser la France”, il a surtout en tête de mettre à bas le système d’indexation du Smic, seul niveau de salaire protégé par la loi qui prévoit son augmentation automatique avec l’inflation. »

Pour la CGT, il faut, au contraire, maintenir ce mécanisme d’indexation automatique et l'étendre à tous les salaires.

Comme pour Force ouvrière, la CGT estime qu’il s’agit d’une nouvelle attaque contre le Code du travail et la négociation des branches.

  • « Gabriel Attal répond parfaitement aux exigences du patronat qui veut avoir les mains libres dans les entreprises sur tous les sujets.
  • Il faut arrêter les doubles discours : ce n’est pas possible de prétendre désmicardiser la France tout en préparant des réformes qui vont massivement baisser les salaires. »

La CGT dénonce également une stigmatisation des plus précaires avec la suppression de l’allocation spécifique de solidarité.

« Ce ne sont pas moins de 250 000 personnes et leurs familles qui seront encore plus poussées vers la pauvreté. Pour les seniors, c’est la triple peine, après l’allongement de l’âge de départ à la retraite puis le raccourcissement de la durée d’indemnisation du chômage, la suppression de l’ASS s’attaque à la possibilité de valider leurs trimestres et va pousser nos aînés vers une extrême précarité. »

Rappel des annonces de Gabriel Attal

« Nous engagerons après l’été une nouvelle étape de la réforme du droit du travail. Avec un objectif clair : libérer les énergies de nos TPE et PME, simplifier considérablement leur quotidien et leur permettre de négocier certaines règles directement, entreprise par entreprise. Il faut débureaucratiser la France à tous les niveaux », a déclaré Gabriel Attal.

Les mesures sociales annoncées sont notamment les suivantes :

Désmicardiser” la France 

  • « On ne peut pas accepter une France où beaucoup sont condamnés à rester proches du Smic toute leur carrière. La progression salariale doit, toujours, permettre de récompenser l’effort et le mérite.
  • Nous devons répondre aux inquiétudes de la classe moyenne et aux défis des emplois non pourvus, car il est incompréhensible que le chômage reste autour de 7 % alors qu’il y a tant d’entreprises et de filières qui cherchent à recruter partout sur le territoire national.
  • Nous avons un Smic, nettement supérieur à celui de nos voisins et nous en sommes fiers. Mais nous avons une part de nos travailleurs proche du Smic, beaucoup plus importante que nos voisins. C’est un problème.
  • Nous agirons pour que les  branches professionnelles qui continuent à rémunérer en dessous du Smic remontent ces rémunérations. Il faut poursuivre et amplifier la mobilisation pour des résultats rapides. Je n’exclus aucune mesure pour y parvenir.
  • Il faut “désmicardiser” la France. Dès le prochain projet de loi de finances, en nous appuyant sur les propositions de parlementaires, de partenaires sociaux et sur un certain nombre de travaux d’experts qui sont actuellement conduits, nous commencerons à réformer ce système. »

« Conditionner le RSA à 15 heures d’activité pour l’insertion »

  • « Je veux déverrouiller l’accès au travail et notre société. Dans 18 départements, nous avons lancé une expérimentation qui conditionne le RSA à 15 heures d’activité pour l’insertion. Nous généralisons ce dispositif à tous les départements de France d’ici le 01er janvier 2025. »

« Aller plus loin dans la réforme de l’assurance-chômage »

  • Nous devons aller plus loin dans la réforme de l’assurance-chômage. Une négociation a été lancée en faveur de l’emploi des seniors, de la prévention, de l’usure professionnelle, des parcours et des reconversions. Nous souhaitons qu’elle aboutisse à un résultat ambitieux. Mais, la situation économique évolue, nous devons inciter toujours plus à la reprise du travail. Je serai extrêmement attentif à l'évolution de la trajectoire financière de l’assurance chômage. Si cette dernière dévie, je n’hésiterai pas, comme la loi le permet, à demander aux partenaires sociaux de remettre l’ouvrage sur le métier, sur la base d’une nouvelle lettre de cadrage aux ambitions très claires.
  • Nous avons été capables de faire le prélèvement à la source. Nous serons capables de mener à bien le chantier de la solidarité à la source pour éviter les démarches inutiles et garantir la justice sociale. La retraite doit être le fruit du travail. Nous proposerons la bascule de l’allocation de solidarité spécifique au RSA et la suppression de cette allocation ».

Expérimenter « la semaine en quatre jours sans réduction du temps de travail » dans les administrations

  • « Comme ministre des Comptes publics, j’avais décidé d’expérimenter dans mon administration, non pas la semaine de quatre jours, mais la semaine en quatre jours sans réduction du temps de travail
  • Je demande à l’ensemble de mes ministres d’expérimenter cette solution dans leurs administrations centrales et déconcentrées.
  • L’État doit donner l’exemple. Je souhaite aussi que les personnels d’entretien de l’administration qui le souhaitent, puissent travailler aux mêmes horaires que tout le monde : aux horaires de bureau.
  • Nous devons mieux prendre en compte notre rapport au temps et nous continuerons à avancer dans le chantier du compte épargne temps universel, véritable sac à dos social. »

Concepts clés et définitions : #Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic)