Dialogue social

Eric Leborgne (CFDT) : « Le travail de négociation efficace est fondamentalement solidaire »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Délégué central adjoint CFDT dans le secteur ingénierie/tertiaire chez Renault depuis 2021, Eric Leborgne fonde son engagement syndical sur le travail collectif et solidaire.
Passionné de sujets relatifs à la qualité de vie au travail, il revient sur son parcours syndical débuté en 2017.

Eric Leborgne, délégué central adjoint CFDT - © D.R.
Eric Leborgne, délégué central adjoint CFDT - © D.R.

Quel est votre parcours ?

Je suis chargé de projets multimédia chez Renault ;

  • En 2017, j’ai adhéré à la CFDT et j’ai commencé à militer en tant que représentant syndical au CHSCT ;
  • En 2018, j’ai été désigné délégué syndical et représentant syndical au CSE du technocentre à Guyancourt ;
  • En 2020, je suis devenu référent fédéral travail à la fédération de la métallurgie (FGMM). Il s’agit d’assister les sections syndicales dans leurs discussions avec la direction pour obtenir un accord QVT et des espaces de discussions dédiés aux salariés. Cela leur permet d’améliorer la qualité de leur travail par le dialogue. Nous sommes une vingtaine de référents en France ;
  • En 2021, je suis devenu délégué central adjoint dans le périmètre de l’ingénierie/tertiaire ;
  • Depuis 2022, je suis mandaté santé au travail à l’Union régionale interprofessionnelle de Normandie. J’ai intégré un groupe de travail sur la QVT et je participe au déploiement dans la région du nouveau Plan santé au travail, 2021-2025.

Comment est née votre fibre syndicale ?

Je souhaitais jouer un rôle dans l’information aux salariés. Avant même d'être syndiqué, j’appréciais de répondre aux questions qu’ils se posaient.

Par ailleurs, suite à un conflit avec la direction sur ma mobilité interne, j’ai discuté avec un collègue militant à la CFDT et j’ai réalisé que les valeurs véhiculées par ce syndicat me correspondaient tout à fait. Grâce aux nombreuses formations du catalogue de la CFDT, j’ai eu la possibilité de rapidement progresser dans mon parcours. 

Pourquoi avez-vous choisi la CFDT ?

Les réunions mensuelles entre les sections dont je m’occupe chez Renault nous permettent de discuter de sujets communs et de trouver un consensus

Les valeurs portées par la CFDT me correspondent, à savoir :

  • L'émancipation, dans le sens où vous avez la possibilité de faire évoluer les compétences et les responsabilités. Il y a également une liberté de parole pour être force de proposition ;
  • La solidarité. Depuis que je suis délégué central adjoint, les réunions mensuelles entre les sections dont je m’occupe chez Renault nous permettent de discuter de sujets communs et de trouver un consensus pour porter un même avis dans les différents CSE. Cela montre la cohésion de notre organisation. 

Quels sont les moments marquants de votre parcours ?

J’accompagne un salarié en burn-out depuis plus de 3 ans. C’est une personne qui a osé parler de son problème et qui m’a fait confiance pour le faire, ce qui m’oblige profondément

J’accompagne un salarié en situation de burn-out depuis plus de trois ans. C’est un travail de longue haleine assez délicat car la reconstruction prend du temps. C’est une personne qui a osé parler de son problème et qui m’a fait confiance pour le faire, ce qui m’oblige profondément dans mon engagement.

Le fait d'être désigné délégué central adjoint constitue un autre événement marquant de mon parcours. Ce travail quotidien passionnant me permet de mener des négociations avec la direction tout en restant au plus proche des salariés sur le terrain.

Quels principes appliquez-vous pour mener une négociation ?

Je m’inspire de la méthode holacratique

Lors de mes réunions mensuelles, nous traitons des sujets de CSE mais également de sujets de fond comme la négociation qui va durer 18 mois. En effet, chez Renault, nous allons juxtaposer la nouvelle convention collective de 2024 (avec la dénonciation des accords) et la future restructuration du groupe. Afin d'établir la nouvelle feuille de route, je compile toutes les revendications en ingénierie tertiaire.

Pour ce faire, je m’inspire de la méthode holacratique, une mise en œuvre de prise de décision en commun. Le travail de négociation efficace est donc fondamentalement collectif et solidaire.

Que diriez-vous à une personne souhaitant s’engager dans le syndicalisme ?

Il est nécessaire de miser sur la formation

Il ne faut pas hésiter à échanger avec des personnes déjà engagées. Par ailleurs, il faut qu’elles s’informent et soient convaincues du bien-fondé de leur engagement.

Enfin, il est nécessaire de miser sur la formation. C’est un enrichissement personnel qui permet de faire des rencontres et d’avoir des temps d'échanges pratiques.

Quels sont les sujets que vous portez actuellement dans vos revendications ?

Comme Renault va se restructurer et créer de nouvelles entités au sein du groupe, nous allons redéfinir l’architecture du dialogue social

Les sujets prioritaires sont les suivants :

  • Les négociations portant sur la prévoyance et la mutuelle vont se poursuivre jusqu'à la fin de l’année 2022 et doivent découler sur un accord ;
  • Comme tous les accords sont dénoncés, la structure des rémunérations est un sujet prioritaire pour le début de l’année 2023. Compte tenu du contexte inflationniste, la négociation des salaires sera particulièrement importante à aborder ;
  • Comme Renault va se restructurer et créer de nouvelles entités au sein du groupe, nous allons redéfinir l’architecture du dialogue social. C’est une de nos priorités pour le deuxième trimestre 2023 ;
  • L’organisation du travail ;
  • La gestion des compétences etc.

Comment percevez-vous l'évolution du syndicalisme depuis que vous militez ?

La pyramide des âges des élus est vieillissante et la question de la relève pose problème

Je suis arrivé à la fin des anciennes instances et j’ai entendu de nombreux militants critiquer ce nouveau fonctionnement. En effet, pour exemple, le CSE du technocentre se compose de 35 élus, ce qui est particulièrement chargé.

Par ailleurs, la pyramide des âges des élus est vieillissante et la question de la relève pose problème, notamment avec la règle des trois mandats consécutifs. Qui va remplacer ces personnes compétentes quand elles partiront à la retraite ? Comment organiser le remplacement au bout des trois mandats ? Il faut trouver des solutions. C’est un travail quotidien sur le long cours des sections syndicales.

En revanche, ce qui fonctionne bien, ce sont les commissions de proximité. Elles sont au nombre de huit au technocentre, permettent des échanges au bon niveau hiérarchique et nous ramènent aussi, par le biais des visites sur le terrain, auprès des salariés.