Dialogue social

Lidl : « La négociation, plus efficace pour défendre les intérêts des salariés » (Mohamed Sylla, Unsa)


« Nous estimons qu’une solution négociée est plus efficace pour défendre les intérêts des salariés sans les exposer à des risques financiers importants. D’autres organisations ont fait le choix du rapport de force, privilégiant les actions de grève et de blocage. Certes, la grève est un droit légitime, mais elle doit être utilisée en dernier recours, après l’échec des voies de négociation. Il est essentiel de souligner que la grève doit être utilisée avec discernement, en tenant compte des conséquences économiques pour les salariés et de l’impact sur l’image de l’entreprise », déclare Mohamed Sylla, secrétaire général Unsa Lidl et juge au Conseil des Prud’hommes.

Lidl : « La négociation, plus efficace pour défendre les intérêts des salariés » (Mohamed Sylla, Unsa)
Lidl : « La négociation, plus efficace pour défendre les intérêts des salariés » (Mohamed Sylla, Unsa)

Comment se passe le dialogue social entre l’Unsa et les autres organisations syndicales chez Lidl ?

Depuis plusieurs semaines, le dialogue social chez Lidl France est marqué par des divergences notables entre les organisations syndicales. Ces divergences concernent principalement des enjeux cruciaux pour les salariés, tels que les NAO, le travail dominical et les conditions de travail.

Bien que ces sujets présentent des revendications similaires, ils ont entraîné des stratégies distinctes de la part des syndicats, posant ainsi une question fondamentale : quelle méthode adopter pour faire avancer les droits des salariés ?

Quelles sont vos revendications prioritaires ? Diffèrent-elles de celles des autres organisations syndicales ?

Nos revendications prioritaires portent sur la revalorisation de la rémunération des heures travaillées dimanche. Par exemple, en Alsace Moselle, à l’occasion d’ouvertures spécifiques, les heures sont rémunérées à 100 %. Nous avons donc demandé que Lidl applique cette même rémunération si les magasins décidaient d’ouvrir le dimanche. À l’heure actuelle, nous avons réussi à obtenir une augmentation, passant de 30 % à 50 %, ce qui, bien que n’étant pas entièrement satisfaisant, constitue néanmoins un progrès significatif.

L’Unsa s’oppose fermement aux ouvertures et fermetures de supermarchés avec seulement deux salariés

En ce qui concerne le travail dominical, nous avons également exigé que les magasins, indépendamment de leur chiffre d’affaires ou du nombre d’unités de vente consommateur vendues, ne fonctionnent pas avec moins de trois salariés. Cette exigence s’explique par la nécessité de garantir des conditions de travail optimales, en particulier dans les petites structures. Nous estimons qu’il est impératif d’avoir suffisamment de personnel pour assurer un service de qualité et pour travailler sur d’autres aspects du magasin.

Nous souhaitons que les équipes participent activement à la définition des objectifs

Un autre point crucial concerne les conditions de travail et la fixation des objectifs. Nous demandons une coconstruction des objectifs, car nous estimons que leur détermination est souvent descendante et ne prend pas suffisamment en compte les retours des équipes. Nous travaillons sur cette thématique depuis plusieurs années et souhaitons que les équipes participent activement à la définition des objectifs, avec des points réguliers pour éviter des objectifs non suivis.

L’Unsa s’oppose fermement aux ouvertures et fermetures de supermarchés avec seulement deux salariés, peu importe le chiffre d’affaires ou le nombre d’unités de vente consommateur vendues. Nous avons exprimé cette position lors des échanges, plutôt que dans la presse ou via des piquets de grève. Nous réclamons des magasins à la fois « commerçants et rentables », deux éléments indissociables. Pour cela, il est impératif de veiller à des conditions optimales pour les salariés, tout en préservant la rentabilité de l’entreprise.

Lors de la réunion extraordinaire du 26/03/2025, les élus Unsa au CSEC ont recueilli les informations nécessaires concernant la situation économique de Lidl France. Nous demandons un retour à une consultation financière et économique, conformément aux dispositions du Code du travail, afin de garantir que les décisions prises au niveau de la direction soient partagées et compréhensibles pour les représentants des salariés.

Quelle est votre approche face aux divergences avec les autres syndicats ?

L’Unsa, premier syndicat de l’entreprise Lidl, privilégie le dialogue. À défaut, nous n’hésitons pas à mobiliser les tribunaux et les instances de l’État. En ce qui concerne nos revendications par rapport à celles des autres organisations syndicales, nous partageons certaines revendications, mais la différence réside dans la forme et la manière de procéder. Nous avons opté pour une approche pragmatique et négociée, car nous croyons que le dialogue permet de résoudre les tensions, surtout dans un marché très concurrentiel où les marges sont souvent réduites.

La grève est un droit légitime mais elle doit être utilisée en dernier recours, après l’échec des voies de négociation

Nous estimons qu’une solution négociée est plus efficace pour défendre les intérêts des salariés sans les exposer à des risques financiers importants. D’autres organisations ont fait le choix du rapport de force, privilégiant les actions de grève et de blocage. Certes, la grève est un droit légitime, mais elle doit être utilisée en dernier recours, après l’échec des voies de négociation. Il est essentiel de souligner que la grève doit être utilisée avec discernement, en tenant compte des conséquences économiques pour les salariés et de l’impact sur l’image de l’entreprise.

Comment qualifiez-vous la qualité du dialogue social chez Lidl ?

La situation dans notre entreprise mérite une attention sérieuse et, à l’Unsa, nous avons choisi de privilégier la négociation. Bien que nous n’ayons pas signé l’accord d’entreprise relatif aux NAO 2025, nous avons continué à négocier pour obtenir le maximum pour les salariés. C’est grâce à cette approche que nous avons obtenu une augmentation de 1,2 % pour tous les salariés et une prime de 180 euros.

Aujourd’hui, le temps a donné raison à l’Unsa, puisque les autres organisations syndicales sont revenues à la table des négociations. Nous avons pu travailler ensemble avec la direction sur des sujets communs, avec une vision partagée sur plusieurs thématiques, notamment les objectifs de performance, le management dans certains établissements, ainsi que l’organisation du travail en supermarché et en logistique.

Nous connaissons la société et sommes écoutés, ce qui est positif

En ce qui concerne le dialogue social, nous ne sommes pas négatifs. Nous croyons au dialogue et estimons que chaque fois que les portes ne sont pas fermées, il est possible d’obtenir des avancées. Nous connaissons la société et sommes écoutés, ce qui est positif. Le dialogue social est un cercle d’émulation chez Lidl France, et nous constatons que l’entreprise est ambitieuse, se positionnant aujourd’hui comme un acteur majeur de la grande distribution.

Comment se passe la collaboration avec François Leroux, le nouveau DRH de Lidl France ?

François Leroux possède une bonne connaissance de l’entreprise, ayant travaillé chez Lidl France depuis plusieurs années. Il a commencé comme responsable de secteur, ce qui lui a permis d’acquérir une expérience précieuse en gestion de plusieurs points de vente.

Sa compréhension des enjeux est un atout pour le dialogue social et il ne se repose pas uniquement sur le support de ses prédécesseurs. Cela renforce notre confiance dans sa capacité à engager un dialogue constructif et à prendre en compte les préoccupations des salariés.