Dialogue social

Laurent Escure (UNSA) : « Une nouvelle consultation citoyenne pourra être organisée en 2024 »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Lors du 8e Congrès confédéral de l’UNSA qui se tient à Dijon du 6 au 8 juin 2023, Laurent Escure, secrétaire général a notamment réaffirmé son opposition à la réforme des retraites tout en appelant à un référendum d’initiative partagée (RIP) le 14 avril 2024, soit un an après sa promulgation.

Laurent Escure au 8e Congrès confédéral de l’UNSA à Dijon - © D.R.
Laurent Escure au 8e Congrès confédéral de l’UNSA à Dijon - © D.R.

Il s’agirait d’un RIP un an après sa promulgation de la réforme des retraites, ce qui pourrait éviter cette fois son rejet par le Conseil constitutionnel. 

« Les tentatives de Référendum d’initiative partagé ont échoué en avril. Le premier, car, en résumé, il s’agissait de modifier une loi qui n’existait pas encore. Le second, car il n’est pas possible de modifier une loi, promulguée depuis moins d’un an, par un RIP. N’oublions pas, du coup, que le 14 avril 2024, et cette date viendra vite, une nouvelle consultation citoyenne pourra être organisée. Bref, le gouvernement n’en a pas fini avec cette réforme », a souligné Laurent Escure.

« Le combat n’est pas fini »

« Cette mobilisation s’inscrit dans le plus fort mouvement social que la France a connu depuis plus de 30 ans. Encore aujourd’hui, l’opinion publique, non seulement, continue à dénoncer cette réforme, mais continue à apporter un soutien très large à notre mouvement de contestation. Pour le moment, les millions de travailleuses, de travailleurs et de citoyens qui ont défilé n’auront pas permis de convaincre l’exécutif d’en finir avec sa réforme. Il mise sur la lassitude, tente de passer à autre chose, essaye de fabriquer un nouvel espace-temps où sa communication joue sur la fatalité, mais il doit bien comprendre que ce combat n’est pas fini. »

Pour Laurent Escure, ce combat contre la réforme des retraites a permis de mettre en évidence auprès de l’opinion publique des sujets tels que :

  • La santé au travail ;
  • Les fins de carrière ;
  • L’emploi des seniors ;
  • Les carrières longues ;
  • Les métiers pénibles ;
  • Les injustices faites aux femmes en termes de rémunération et de traitement ;
  • Mais aussi le sens du travail dans notre société et la place du travail dans notre société.

« Les Français aiment leur travail » 

Les Français « aiment leur travail mais ils veulent juste être respectés pour ce travail, être bien rémunérés, avoir des bonnes conditions de travail, avoir une bonne protection sociale », a expliqué Laurent Escure qui a dénoncé le « mauvais procès sur le fait que les Français n’aimeraient plus le travail qui est non seulement faux, il est injuste. Les travailleurs aiment le travail, le leur, celui qui les amène à se lever tôt, à travailler la nuit et parfois dans de mauvaises conditions et pas pour de gros salaires. J’ai un message pour ceux, souvent prompts à donner des leçons, notamment sur le goût de l’effort. Ces donneurs de leçon aiment le travail mais surtout celui fait par les autres. Les leçons de moral pour les travailleurs, et encore plus, pour celles et ceux de la première et de la deuxième ligne, les leçons de moral de ceux qui sont bien nés ou qui s’enrichissent en dormant. Ça suffit, respectez-nous, respectez ceux qui travaillent ! »

Pour Laurent Escure, le dossier des retraites a été aussi la confirmation d’une politique « qui se révèle très dure vis-à-vis des faibles et des travailleurs et très conciliante vis-à-vis des plus grandes entreprises, et des plus grands revenus. En réalité, le “en même temps”, ce n’est pas l’équilibre des mesures, c’est l’accumulation des mesures. Et donc dans le même temps, ces mesures, frappent toujours les mêmes : les agents, les précaires, les pauvres. On a déjà eu la dégradation des droits des chômeurs avec la réforme de l’assurance chômage, et désormais le gouvernement pousse l’idée que les bénéficiaires du RSA seraient des privilégiés, qu’il faudrait à tout prix “les faire pointer” en leur imposant des activités. Alors qu’il faudrait, pour les sortir de la précarité, un accompagnement au plus proche d’eux pour les aider à revenir dans le chemin de l’emploi lorsqu’ils le peuvent et lorsque l’environnement économique le permet. »

Appel à l’ouverture d’un dialogue sur la démocratie sociale

« Le gouvernement comme le patronat doivent comprendre qu’on ne peut pas fonctionner sans revoir d’un côté les ordonnances travail et de l’autre côté, les institutions représentatives des personnels dans la fonction publique qui ont été dégradées et affaiblies. »

Pour Laurent Escure, il faut corriger les aspects « les plus nocifs, notamment sur les CHSCT ou le non-cumul des mandats dans le temps, l’exemple type de la fausse bonne idée. »

Le secrétaire général de l’UNSA a également appelé à « des moyens nouveaux pour le syndicalisme ainsi que de nouvelles capacités à agir dans les entreprises, dans les branches dans les services dans les ministères, dans les entreprises publiques, dans les hôpitaux dans les collectivités territoriales. Et pour ce qui concerne le privé, sans doute une meilleure association des représentants des salariés ou un poids supplémentaire dans les instances de gouvernance, des entreprises sur un certain nombre de choix stratégiques. Des discussions doivent s’ouvrir sur ces sujets et aboutir. »

La continuité de l’intersyndicale au-delà des différences

Agir en intersyndicale, interprofessionnelle ne veut pas dire « qu’il y a une dilution ou une négation des syndicats qui la composent et de leur identité », a précisé le secrétaire général de l’UNSA. Malgré les différences, les affinités, les stratégies différentes des différentes organisations syndicales, il estime nécessaire de conserver un cadre intersyndical.

« Ce cadre syndical unitaire sert en lui-même de rapports de force vis-à-vis des pouvoirs publics et des employeurs. Il est important que les syndicats français soient capables d’échanger régulièrement pour faire le point sur l’actualité sociale, le cas échéant, de prendre des positions communes, et parfois, d’agir ensemble sur la base d’objectifs réellement partagés. Je pense qu’à l’avenir, au-delà de nos différences, existantes et réelles, mais qui sont aussi, parfois, un peu surjouées, il est important que nous soyons capables de continuer à nous voir, d’échanger. »