Dialogue social

« Le modèle social français est en danger » François Hommeril/CFE-CGC

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

« Restaurer la confiance ». C’est la vision de la CFE-CGC présentée par François Hommeril, président confédéral, lors d’une conférence de presse de la CFE-CGC le 05/04/2022, pour « défendre le modèle social français ».
Cette vision s’appuie sur des débats thématiques consacrés aux grandes mutations de l’entreprise, du travail et de la société.

François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC - © D.R.
François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC - © D.R.

« Pour une meilleure représentativité des salariés »

Dans le domaine économique, la CFE-CGC souhaite que les salariés soient davantage représentés dans les conseils d’entreprise, à hauteur d’un tiers des effectifs. « Leur présence permet d’intégrer la vision de l’intérêt social de l’entreprise pour favoriser une gouvernance d’entreprise plus durable ». Le syndicat dit par ailleurs vouloir réserver un siège aux cadres de l’entreprise.

L’organisation ajoute que la présence des salariés dans les comités de rémunération permettrait de s’assurer de la pertinence de la rémunération des dirigeants en fonction de la performance économique et sociale de l’entreprise. « Elle est essentielle au maintien de la cohésion sociale dans l’entreprise ».

Par ailleurs, il s’agit de « refonder notre économie autour d’un meilleur partage de la valeur ajoutée en associant les salariés à la gouvernance des entreprises, en leur redonnant du pouvoir d’achat par le salaire et en rééquilibrant le poids de la fiscalité ».

« Pour une transition écologique juste »

« Pour être compétitif, il est nécessaire de prendre en compte l’impact de l’activité des entreprises sur la biodiversité. Nous sommes convaincus à la CFE-CGC que les entreprises qui ne seront pas capables de mettre ces questions environnementales au cœur de leur développement économique finiront par disparaître », déclare François Hommeril, avant de formuler les propositions de la CFE-CGC « pour une transition écologique juste ».

Il s’agit de décliner les politiques de développement durable à l’échelle de l’entreprise à travers :

  • L’adoption de modèles de gouvernance durables ;
  • La prise en compte des enjeux environnementaux ;
  • L'élargissement du champ de la Déclaration de performance extra-financière.

« Répondre au défi climatique est urgent. Les syndicats participent de plein droit à ce changement en agissant au sein des CSE des entreprises. La CFE-CGC a déjà formé plus de 400 militants à l’action concrète de terrain pour mettre en œuvre la transition environnementale ».

« Recentrer la protection sociale sur les besoins de l’individu »

Dans le domaine de la protection sociale, la CFE-CGC préconise de :

  • Concilier les temps de vie professionnels et personnels ;
  • Renforcer le soutien du proche aidant ;
  • Mieux impliquer les pères ;
  • Individualiser l’allocation adulte handicapé.

« Il faut conforter une protection sociale durable en réaffirmant ses principes fondateurs et en la pilotant à long terme. Il faut voir la protection sociale comme un dispositif sécurisant les individus dans leur parcours de vie et non plus sous l’angle du financement ».

« Renforcer le paritarisme »

Pour renforcer le paritarisme, la CFE-CGC propose :

  • Que les sources de financement des organismes gérés paritairement proviennent des cotisations assises sur les salaires ;
  • Une gestion des organismes sociaux dépendant de ces cotisations salariales par les partenaires sociaux. Les instances y sont constituées uniquement de représentants des organisations syndicales et patronales ;
  • Que les activités des organismes sociaux aient lieu dans un environnement non-concurrentiel ou dans un cadre très réglementé pour isoler les protections des salariés (retraite complémentaire, complémentaire santé) d’une gestion par les coûts.

« Le modèle social français nous protège. Il est donc précieux. Or, ce modèle est en danger. Il glisse peu à peu vers une orientation plus libérale et moins protectrice. Ce n’est pas ce que veut la CFE-CGC. Pourquoi changer un système qui a fait ses preuves ? Au contraire, il faut le renforcer ».

« Renforcer la démocratie sociale »

Pour renforcer la démocratie sociale, la CFE-CGC propose de travailler sur la représentation syndicale des salariés :

  • En réservant le bénéfice des accords collectifs d’entreprise,sous certaines conditions, aux seuls adhérents des organisations syndicales représentatives ;
  • En renforçant le monopole syndical dans la négociation collective ;
  • Un débat public pour redéfinir les enjeux et les responsabilités découlant de la représentativité des organisations patronales ;
  • Veiller à ce que les règles de la représentation des intérêts des employeurs dans le champ social respectent en droit et en fait le pluralisme des intérêts.

« Chaque jour, les militants de la CFE-CGC s’engagent et prennent des risques pour défendre les salariés, stimuler les entreprises, mieux répartir les fruits de la croissance. C’est pourquoi ils doivent être davantage reconnus et valorisés dans leur déroulement de carrière. Et les avancées qu’ils obtiennent par la négociation devraient être réservées aux seuls adhérents à une organisation syndicale représentative ».