Droits des salariés

Travailleurs indépendants : une augmentation des effectifs de 72 % entre 2008 et 2022 (étude Insee)


« On les appelle “indépendants”, en référence à leur absence de lien de subordination qui les différencie des autres travailleurs, en particulier l’absence de contrat de travail et de lien de subordination juridique à l’égard d’un donneur d’ordre. Hors agriculture, les effectifs de non-salariés ont augmenté de 72 % entre 2008 et 2022 », déclare Élise Amar, de la division salaires et revenus d’activité à l’Insee, lors de la présentation de l’ouvrage « Insee Références - Emploi et revenus des indépendants », édition 2025.

Travailleurs indépendants : une augmentation des effectifs de 72 % entre 2008 et 2022 (étude Insee)
Travailleurs indépendants : une augmentation des effectifs de 72 % entre 2008 et 2022 (étude Insee)

Depuis le début des années 2000, l’emploi non salarié est reparti à la hausse

Plus de neuf indépendants sur dix, dans le champ agricole (0,4 million) comme non agricole (3,6 millions), sont affiliés à un régime de protection sociale des travailleurs non salariés et, de ce fait, sont qualifiés de « non-salariés » : ils sont non-salariés classiques (gérants majoritaires de société, entrepreneurs individuels classiques) ou microentrepreneurs. Hors agriculture, 10 % des personnes en emploi exercent une activité non salariée à titre principal.

« Le nombre de non-salariés à titre principal n’a cessé de diminuer en France métropolitaine durant la seconde moitié du XXe siècle. Mais après ces décennies de repli, l’emploi non salarié a cessé de diminuer au début des années 2000, pour augmenter depuis presque sans discontinuité. La création, en janvier 2009, du statut d’autoentrepreneur (requalifié en microentrepreneur fin 2014) s’est inscrite dans cette tendance. Ce statut, qui allège les formalités de création d’entreprise individuelle et permet de ne payer des cotisations sociales que si l’activité génère du chiffre d’affaires, a connu un succès substantiel. »

En France, hors agriculture, le nombre de non-salariés, à titre principal ou en complément d’une autre activité, a augmenté de 72 % entre fin 2008 et fin 2022 (+ 1 512 000 personnes).

« Le nombre a plus que doublé dans les services de transports incluant les VTC (+147 %), les services aux entreprises et services mixtes (+132 %) et les services aux particuliers hors santé (+104 %). Ce dynamisme reflète intégralement le succès du statut de microentrepreneur. »


La moitié des non-salariés sont microentrepreneurs en 2022

Fin 2022, les microentrepreneurs représentent ainsi la moitié (49 %) des non-salariés non agricoles, contre un quart (25 %) en 2013. La part des microentrepreneurs dépasse même les trois quarts dans certains secteurs.

« Ils sont ainsi particulièrement nombreux dans les activités de poste et de courrier, incluant la livraison à domicile, où ils représentent 95 % des effectifs non salariés en 2022. »

« Les femmes sont minoritaires parmi les non-salariés : elles ne forment que 41 % des effectifs non agricoles et 24 % des effectifs agricoles fin 2022, alors qu’elles représentent 49 % des salariés non agricoles et 26 % des salariés agricoles. Le micro-entrepreneuriat attire un peu plus de femmes que le non-salariat classique. »

Hors agriculture, un non-salarié classique sur deux a plus de 48 ans, alors que l’âge médian est de 41 ans pour les salariés du privé. Les microentrepreneurs sont globalement plus jeunes, avec un âge médian de 41 ans, que les non-salariés classiques (48 ans).


Un revenu moyen d’activité non salariée de 4 030 euros par mois

Tous secteurs confondus, les microentrepreneurs perçoivent en moyenne 670 euros par mois en 2022, quand les non-salariés classiques gagnent six fois plus (4 030 euros par mois en moyenne).

Les revenus des microentrepreneurs économiquement actifs, limités par les plafonds imposés sur le chiffre d’affaires réalisé, varient peu d’un secteur à l’autre. Pour les non-salariés classiques, les activités les moins rémunératrices sont celles :

  • du commerce de détail hors magasin (1 480 euros par mois en moyenne) ;
  • de taxis et VTC (1 530 euros) et de la coiffure et des soins de beauté (1 630 euros).

Les revenus moyens des non-salariés classiques les plus élevés sont perçus par :

  • les médecins spécialisés et analystes médicaux (11 840 euros) ;
  • les dentistes (10 300 euros) ;
  • les juristes et comptables (8 510 euros) ;
  • les pharmaciens (7 900 euros) ;
  • les médecins généralistes (7 840 euros).

Des disparités de revenus

En 2022, sur l’ensemble des secteurs hors agriculture, les femmes non-salariées classiques perçoivent en moyenne 3 470 euros, contre 4 360 pour les hommes, soit 20 % de moins.

« Si elles se répartissaient de la même façon que les hommes dans les différents secteurs, leur revenu moyen serait inférieur de 31 % à celui des hommes. »

Hors agriculture, 11 % des non-salariés classiques déclarent en 2022 un revenu d’activité nul ou déficitaire, parce qu’ils n’ont pas dégagé de bénéfice ou se rémunèrent différemment, en choisissant par exemple de se verser des dividendes pour les gérants majoritaires.

Parmi l’ensemble des non-salariés classiques non agricoles qui perçoivent un revenu positif en 2022 :

  • 10 % gagnent moins de 650 euros par mois au titre de leur activité non salariée ;
  • 25 % moins de 1 520 euros ;
  • 50 % moins de 2 900 euros mensuels.
  • En haut de l’échelle des revenus d’activité, 25 % perçoivent plus de 5 190 euros et 10 % plus de 9 320 euros par mois.

Parmi les non-salariés classiques (hors secteurs agricoles, hors revenus nuls ou déficitaires), la moitié la moins rémunérée ne perçoit que 17 % de l’ensemble des revenus d’activité des non-salariés classiques (contre 29 % pour les salariés du privé), tandis que les 10 % les mieux rémunérés en concentrent à eux seuls 39 % (contre 27 % pour les salariés du privé).

« Les revenus des microentrepreneurs sont encore plus concentrés, la moitié la moins rémunérée ne bénéficiant que de 8 % de la masse des revenus tirés de l’activité des microentrepreneurs. »


Trois microentrepreneurs sur dix et un non-salarié classique sur dix cumulent leur activité avec un emploi salarié

Fin 2022, dans les secteurs non agricoles, 9 % des non-salariés classiques exercent aussi une activité salariée, alors que cette part atteint 31 % parmi les microentrepreneurs.

« Les non-salariés pluriactifs sont nombreux dans l’enseignement, que ce soit parmi les non-salariés classiques (17 %) ou parmi les microentrepreneurs (45 %), ainsi que dans les services de la santé et de l’action sociale, les arts, spectacles et activités récréatives, l’information-communication et le conseil de gestion. La pluriactivité concerne aussi 30 % des médecins spécialistes et 19 % des généralistes.

En moyenne, la part du revenu d’activité non salariée dans le revenu global des pluriactifs s’élève à 49 % pour les non-salariés classiques et 15 % pour les microentrepreneurs. Pour les microentrepreneurs, cette part est systématiquement plus faible, de 8 % dans l’industrie à 23 % dans la santé. »

Entre 2008 et 2022, sur l’ensemble des secteurs non agricoles, le revenu d’activité moyen des non-salariés classiques a crû de 1,2 % par an en moyenne en euros constants. Le pouvoir d’achat du revenu moyen des non-salariés classiques en 2022 est supérieur de 11,7 % à son niveau de 2013 et celui des microentrepreneurs de 43,7 %.

« Il a toutefois subi les à-coups de la crise sanitaire et se situe en 2022 en deçà de son niveau de 2019 (-2,1 %). En revanche, celui des microentrepreneurs a mieux résisté et est supérieur de 6,1 % à son niveau de 2019. »