Dialogue social

Conférence sociale : les réactions contrastées des organisations syndicales

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

A l’issue de la conférence sociale sur les salaires organisée par le Gouvernement, les organisations syndicales ont à la fois exprimé leur déception et souligné les avancées sur certains sujets de revendication.

Syndicats : les prises de position après la conférence sociale au CESE du 16 octobre 2023 - © D.R.
Syndicats : les prises de position après la conférence sociale au CESE du 16 octobre 2023 - © D.R.

CFDT

Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT, s’est félicité le 16 octobre 2023 de voir certaines de des revendications retenues de la confédération, en particulier « un nouvel index égalité professionnelle bâti pour une plus grande efficacité ».

Il note aussi « l’inflexion du Gouvernement prêt à accorder moins d’exonérations de cotisations aux entreprises qui ne jouent pas le jeu de la négociation salariale ».

Néanmoins, la CFDT exprime aussi des regrets :

« La conférence est cependant loin d’avoir répondu à toutes les situations concrètes rencontrées par les travailleurs. »

  • « Ce rendez-vous ne peut être qu’une première étape. La CFDT veillera à ce qu’elle ne soit pas sans lendemain.
  • La question des temps partiels subis, des contrats courts ne peuvent pas rester sans réponse. Elles devront être traitées par le Haut conseil des rémunérations. 
  • La fonction publique, grande absente de cette conférence, doit ouvrir un chantier sur les rémunérations et les carrières de ses agents », selon la CFDT.

CGT

Pour Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT qui s’est exprimée le 17 octobre sur France Info, la  conférence sociale sur les salaires « ne débouche sur rien ».

« C’est maintenant qu’il faut forcer les branches à négocier. Le risque de sanction sera très faible en volume et ne concernera que huit branches, alors qu’aujourd’hui, 40 % des branches ont des minima inférieurs au Smic. »

« La CGT propose de son côté d’indexer les salaires sur l’inflation. Nous avons obtenu d’organiser une négociation sur la situation des salariés à temps partiel, mais sans savoir quand ni avec quel périmètre », selon le syndicat.

CFTC

Cyril Chabanier, le président de la CFTC qui a pris la parole sur France Info le 16 octobre 2023, considère cette rencontre « intéressante car c’est la première fois qu’on parle des salaires et des rémunérations ».

« C'était plus que nécessaire au vu de l’inflation galopante mais cela reste très léger et nous sommes très loin du compte sur nos demandes, notamment sur l’absence :

  • d’un coup de pouce sur le Smic ;
  • d’une mise en place de la conditionnalité pour les entreprises qui reçoivent des aides publiques. »

« Il n’y a pas de mesures concrètes, mais uniquement des choses à venir. »

« C’est bien d’avoir des pistes de réflexion mais c’est pour des choses qui seront mises en place dans plusieurs mois donc cela ne répond pas à l’urgence », indique la CFTC.

CFE-CGC

François Hommeril, le président de la CFE-CGC qui s’est exprimé dans les quotidiens Le Monde et Le Figaro du 17 octobre 2023, a apprécié « les discussions en multilatérales, ce qui permet de clairement dévoiler les positions de chacun ».

Pour Christelle Toillon, déléguée nationale CFE-CGC et membre du conseil pour la mixité dans l’industrie citée dans un communiqué paru le 17 octobre 2023, l’atelier sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est « celui dont il pourrait sortir le plus de concret ».

« Notamment eu égard à la proposition de la Première ministre, en clôture de la conférence, de refondre l’index de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes pour qu’il :

  • soit “plus ambitieux, plus transparent et plus fiable”,
  • qu’il intègre la directive européenne 2023/970 du 10 mai 2023 visant à renforcer l’application du principe de l'égalité des rémunérations entre les femmes et les hommes.
    • Les partenaires sociaux vont travailler dès maintenant sur ce sujet avec un délai imparti de 18 mois. »

Une « avancée relative » aux yeux de Christelle Toillon.

  • « Le Gouvernement aurait été obligé d’intégrer la directive européenne à un moment donné.
  • Il fait d’une pierre deux coups en procédant à un petit nettoyage par rapport à nos doléances et pour masquer le fait que sa grande mission sur l’égalité n’a pas donné de résultats… », évoque la déléguée nationale CFE-CGC. 

Unsa

  • « Le Smic doit rester le salaire minimum garanti à l’embauche et demande un coup de pouce indispensable pour les travailleurs pauvres.
  • Il est inacceptable que les travailleurs soient rémunérés durant de nombreuses années au Smic », évoque Laurent Escure, secrétaire générale de l’Unsa cité dans un communiqué du 16 octobre 2023.

« Cette conférence sociale a permis de lister les sujets qui feront l’objet de négociations dans les branches et les entreprises. Alors que nous sommes confrontés à la transformation écologique, aux défis technologiques, il est primordial qu’elles puissent s’engager sans délai et notamment pour les travailleurs ne parvenant plus à vivre de leur travail et qui seront les plus durement impactés », déclare-t-il.

« La création d’un haut conseil sur les rémunérations est une proposition intéressante, même si le contour de cette instance reste encore à définir. La mise en place d’un groupe d’experts ayant pour objectif de rendre un rapport sur les exonérations de cotisations sociales est un premier pas. C’est le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale (HCFIPS) qui devrait être en charge de la réalisation de ce rapport. »

  • « L’Unsa note quelques avancées mineures telles que la pénalisation des branches dont les minimums conventionnels sont inférieurs au Smic.
  • Force est de constater que les propositions sont loin d’être à la hauteur des enjeux ».

Solidaires

Pour l’Union syndicale Solidaires qui a diffusé le 16 octobre 2023 un communiqué, « la création d’un Haut conseil des rémunérations relève du gadget. Instances fantoches et numéros verts ne peuvent constituer les réponses uniques et systématiques du Gouvernement sur l’ensemble des sujets. »

« Cet empilage de mesurettes proposées par le Gouvernement ne résout rien et ressemble à un mauvais bricolage dont l’unique objectif est de ne pas coûter un seul euro au patronat. »

Le syndicalisme

Concepts clés et définitions : #Syndicat, #Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic)