Intersyndicale : appel à une journée de mobilisation pour l’égalité femmes - hommes le 8 mars 2024
Par Agnès Redon | Le | Syndicats
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2024, les organisations syndicales CFE-CGC, CFTC, CFDT, CGT, FO, UNSA, FSU et Solidaires signent un communiqué commun exigeant l’égalité entre les femmes et les hommes au travail.
La Journée internationale des droits des femmes, traditionnellement organisée le 8 mars, est une journée de rassemblements à travers le monde.
En France, elle servira aussi de signal de ralliement pour une journée de grève et de manifestation interprofessionnelles pour l’égalité entre les femmes et les hommes, à l’appel d’une intersyndicale CFDT, CGT, FO, UNSA, FSU et Solidaires.
Les revendications communes
Afin « d’obliger le Gouvernement et le patronat à respecter la loi et mettre en œuvre l’égalité réelle », l’intersyndicale formule les revendications suivantes :
- aboutir à une obligation de transparence sur les rémunérations et les carrières et de sanctions pour les entreprises qui discriminent ;
- revaloriser des métiers à prédominance féminine et l’application de la loi qui garantit un salaire égal pour un travail de valeur égale ;
- obliger dans un délai contraint à l’ouverture de négociations portant sur les classifications dans le privé et les grilles indiciaires dans la fonction publique en vue de reconnaitre et valoriser les missions, les qualifications et compétences mises en œuvre dans les métiers et corps « à prédominance féminine » ;
- améliorer les contours du congé de naissance. Les organisations syndicales réclament que, au-delà de sa création, le congé parental soit maintenu jusqu’au 3 ans de l’enfant et qu’il soit mieux rémunéré.
- « Si les organisations avaient salué le premier pas d’allongement du congé paternité qui allait dans le sens d’un meilleur partage de la parentalité, le gouvernement annonce aujourd’hui la création d’un congé de naissance de six mois, en remplacement du congé parental, sans nous avoir informés des contours exacts de ce nouveau dispositif.
- À ce stade, nous craignons que ce soient les femmes qui paient le coût de cette mesure, contraintes de renoncer à leur emploi faute de mode d’accueil de jeunes enfants en nombre suffisants. Pour rappel, il manque au minimum 200 000 modes de garde. »
- investir massivement dans les services publics pour garantir le droit à une place d’accueil pour chaque enfant mais aussi pour répondre aux problèmes liés à la perte d’autonomie des personnes âgées. « À défaut, ce sont les femmes qui majoritairement pallient les manques de solutions, au détriment de leur vie professionnelle », s’indigne l’intersyndicale.
- engager davantage la France dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le monde du travail.
- « Le Gouvernement s’est contenté d’appliquer à droit constant la convention 190 de l’OIT que la France a ratifiée sans tenir compte de la recommandation 206 de l’OIT associée », souligne l’intersyndicale.
- De son point de vue, la France devrait aller « au bout de ses engagements » et engager rapidement des concertations « pour intégrer de nouveaux dispositifs dans la loi ».
Dénonciation des « inégalités qui perdurent »
- « Malgré la grande cause nationale du quinquennat pour l’égalité femmes-hommes, nos organisations constatent l’absence d’avancées concrètes que ce soit en matière de rémunération, d’articulation des temps de vie ou de violences sexistes et sexuelles dans le monde du travail.
- De fait, les conditions de vie et de travail des femmes restent trop souvent l’impensé des politiques publiques et des stratégies RH des employeurs », regrette l’intersyndicale.
Elle rappelle que « tout employeur est tenu d’assurer, pour un même travail ou un travail de valeur égale, l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes ». Ce n’est pas appliqué, selon l’intersyndicale. « Cette loi française de décembre 1972, et celles qui ont suivi, ne sont toujours pas pleinement respectées et n’ont toujours pas permis d’atteindre l’égalité salariale et professionnelle. »
Selon les signataires de l’appel à la journée de grève et de manifestation interprofessionnelles du 8 mars 2024, les inégalités entre les femmes et les hommes au travail se caractérisent notamment par les éléments suivants :
- « En 2024, l’écart moyen est encore de 24 % dans le secteur privé et de 14 % dans les fonctions publiques. Plus diplômées que les hommes, elles sont pourtant moins nombreuses sur les postes cadres ;
- Concentrées dans des métiers dits « féminins » (55 % des emplois à bas salaires du secteur privé), leurs compétences y sont moins reconnues et moins valorisées ;
- Elles représentent 63 % des salariés du secteur public et sont majoritaires dans les métiers administratifs, du nettoyage, de l’éducation, de la santé et du social ;
- Elles représentent 58 % des salariées payées au Smic ;
- Assignées à leur rôle de mère, elles occupent 80 % des emplois à temps partiel et 95 % des congés parentaux. Le poids de la parentalité, incluant la double journée et la charge mentale, pénalise exclusivement la carrière des mères, accentuant encore les inégalités salariales ;
- Retraitées, leur pension est en moyenne inférieure de 40 % à celle des hommes ;
- 30 % des salariées ont déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail. 70 % de ces victimes de violences au travail déclarent n’en avoir jamais parlé à leur employeur."
Concepts clés et définitions : #Smic ou Salaire minimum interprofessionnel de croissance