Dialogue social

Marylise Léon (CFDT) : « pour cette rentrée sociale, les attentes des travailleurs sont fortes »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Lors d’une conférence de presse le 22 septembre 2023 sur fond de rentrée sociale, la CFDT a fait le point sur les priorités revendicatives pour la période 2023-2024.

CFDT : le point sur les priorités revendicatives pour 2023-2024 à l’occasion de la rentrée sociale - © D.R.
CFDT : le point sur les priorités revendicatives pour 2023-2024 à l’occasion de la rentrée sociale - © D.R.

Sur la rentrée sociale en trois axes 

A l’occasion de cette rentrée sociale 2023, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, indique que les attentes des travailleurs sont « extrêmement fortes ». Elles se concentrent principalement sur ces trois plans :

  • « Le pouvoir d’achat. En effet, confrontées à l’inflation, de nombreuses personnes basculent dans la pauvreté. C’est un point d’alerte des associations avec lesquelles nous travaillons. L’idée est de se concentrer sur la responsabilité des employeurs. En ce sens, l’ANI partage de la valeur du 10 février 2023 que la CFDT a signée au printemps nous donne des leviers d’action. Il faut que les signataires et les organisations patronales respectent leurs engagements, qui sont notamment les suivants :

-De nombreux rendez-vous sont à prendre dans les branches professionnelles, qui doivent, avant le 30 juin 2024, négocier des accords pour la mise en place de la participation dans les entreprises de moins de 50 salariés. Il faut aussi réviser les grilles de classification avant le 31 décembre 2023 pour les branches qui ne l’ont pas fait depuis plus de cinq ans. 

-Elles doivent également mettre en place les mesures de partage de la valeur pour les entreprises de 11 à 50 salariés qui font des bénéfices depuis trois ans consécutifs, ou encore dans les entreprises de plus de 50 salariés pour le traitement des bénéfices exceptionnels.

-Par ailleurs, elles doivent prendre en compte l’objectif d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et de mixité des emplois avant le 31 décembre 2023. La CFDT rappelle que travailler sur la mixité des métiers c’est travailler sur l’égalité des rémunérations.

  • Concernant les salaires, 2024 ne peut pas être une année blanche pour les agents de la fonction publique. La CFDT demande au gouvernement d’ouvrir rapidement la négociation “accès, parcours, rémunérations” pour améliorer les carrières et les perspectives de tous les agents publics, fonctionnaires comme contractuels. Luc Mathieu, secrétaire national CFDT en charge des politiques économiques, explique que la création d’une commission des “bas salaires”, en remplacement du groupe d’experts sur le Smic, servirait à documenter en continu les causes et les remèdes au développement de la précarité salariale en France. En se positionnant comme un observatoire des bas salaires, cette commission élargira le champ de la réflexion au-delà des seules conséquences macro-économiques de l’évolution du salaire minimum légale. Il s’agira également de se pencher sur la reconnaissance des métiers, la répartition de la richesse sur l’ensemble d’une filière, les blocages de la négociation collective dans certaines branches, les temps partiels subis etc.
  • L’urgence écologique. Le crédo du “hâtons-nous lentement” n’est pas entendable, surtout compte tenu du dérèglement climatique auquel nous avons assisté cet été 2023 ;
  • La question démocratique. Les idées d’extrême-droite ont un écho important dans le débat public. Nous continuerons de porter nos idées pour une Europe sociale et environnementale. »

Sur le conditionnement des exonérations de cotisations sociales et des aides publiques 

La CFDT souhaite conditionner les aides publiques versées aux entreprises aux avis conformes des CSE.

« Il s’agit d’avoir un avis favorable du CSE lorsqu’une entreprise bénéficie d’aides publiques, afin de permettre un droit de regard des salariés sur le bon usage de l’argent public », explique Marylise Léon

Elle appelle également à conditionner les exonérations de cotisations sociales lorsque les branches ont durablement des minima inférieurs au Smic ou lorsqu’elles ne revoient pas, a minima tous les cinq ans, leurs systèmes de classification, ces deux points relevant d’une obligation légale. 

« L’objectif est d’encourager la négociation salariale de branche. Par ailleurs, la CFDT considère le Smic comme un salaire de recrutement des salariés non qualifiés. Ils n’ont pas vocation à rester durablement au Smic. »

Sur le renforcement du dialogue social dans les entreprises

« La CFDT a émis 11 propositions pour améliorer le dialogue social, fortement dégradé par les ordonnances », explique Fabien Guimbretière, secrétaire national CFDT en charge du dialogue social

« Dans un contexte d’élections CSE qui sont actuellement en cours, nous constatons que le dialogue social est de plus en plus éloigné du terrain, notamment avec de plus en plus de CSE centraux. Il est donc important de redonner les moyens aux élus de faire leur mission de proximité. Même si nous ne perdons pas de vue ces sujets, nous ne voyons aucune volonté du Gouvernement de remettre en cause ces ordonnances », souligne-t-il.

Sur les négociations avec le Gouvernement

Concernant le déroulement des négociations avec le Gouvernement, Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT, indique qu’il y a « des éléments qui ne surprennent pas, comme par exemple, la lettre de cadrage sur l’assurance chômage. Nous avons cependant moins de contraintes sur le cycle de négociations qui va s’ouvrir. Toutes les organisations syndicales et patronales vont discuter du document d’orientation et nous avons bon espoir qu’il y ait des marges de négociation, notamment sur le cycle des retraites complémentaires. »

Concepts clés et définitions : #CSE ou Comité Social et Économique , #Smic ou Salaire minimum interprofessionnel de croissance