Dialogue social

Onno Ypma (CFTC Cadres) : « Il faut dépasser les idées préconçues de l’engagement syndical »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Président CFTC Cadres et secrétaire de CSE chez Leroy Merlin, Onno Ypma revient sur son parcours syndical. Attaché au paritarisme, il s’inquiète pour l’avenir du syndicalisme menacé par l’individualisme de la société de consommation.

Interview CSE Matin : Onno Ypma, président CFTC Cadres - © D.R.
Interview CSE Matin : Onno Ypma, président CFTC Cadres - © D.R.

Quel est votre parcours ?

Je suis adhérent à la CFTC depuis 2004, l’année où je suis devenu secrétaire du CSE de Leroy Merlin ;

  • En 2013, je suis devenu secrétaire général régional de la CFTC Nord-Pas de Calais, puis président de 2015 à 2017.
  • De 2017 à 2021, j'étais secrétaire général de la CFTC Hauts-de-France ;
  • De 2014 à 2019, j’ai occupé le poste de conseiller confédéral ;
  • En 2014, je suis devenu trésorier adjoint de la CFTC Commerce, Services et Forces de Vente ;

Depuis 2020, j’ai pris la présidence de la CFTC Cadres.

Comment est née votre fibre syndicale ?

Lorsque je suis devenu secrétaire de mon CSE, j’ai ressenti un grand besoin de formation et le syndicalisme me semblait répondre à ce besoin.

D’autre part, j’ai rapidement compris qu’il fallait dépasser les idées préconçues de l’engagement syndical, qui va bien au-delà des manifestations. Cela comprend aussi le paritarisme. Cet aspect m’a donné envie de grandir dans le syndicalisme.

 Pourquoi avez-vous choisi d’adhérer à la CFTC ?

La CFTC véhicule des valeurs humaines importantes, qui me sont chères et que j’ai envie de véhiculer :

  • l’humain au cœur de l’entreprise ;
  • une économie au service de l’humain ;
  • le dialogue ;
  • le respect ;
  • l’exemplarité.

Quel est le moment marquant de votre parcours ?

Grâce à mon parcours, j’ai eu l’occasion de rencontrer 3 Présidents de la République :

  • Nicolas Sarkozy ;
  • François Hollande ;
  • Emmanuel Macron.

Il est à la fois intéressant et marquant de les rencontrer car mes échanges m’ont permis d’avoir une perception différente de la politique.

Nous avons parlé d’égal à égal dans des réunions de travail, ce ne sont pas des hommes froids tels qu’on peut les imaginer à la télévision.

Quels sont vos sujets actuels de revendication ?

Il y a eu un basculement excessif des salariés au télétravail après la crise sanitaire.

Lors de nos dernières NAO, nous avons obtenu une augmentation générale de la rémunération de 5,2 %, ce qui est un niveau satisfaisant compte tenu du contexte inflationniste.

Par ailleurs, il y a eu un basculement excessif des salariés au télétravail après la crise sanitaire. Je pense qu’il faut redonner envie aux salariés de revenir au bureau et trouver le juste équilibre entre le présentiel et le distanciel. Autrement, le sens du collectif se délite, ce que je trouve regrettable.

Quant aux prochains sujets de revendication, ils reviendront après les élections professionnelles qui se dérouleront en mars 2023.

De quelle manière menez-vous des négociations ?

Le partage de la valeur est central

Il faut prendre en considération la situation des uns et des autres pour trouver le meilleur compromis possible.

Quand la situation financière d’une entreprise est mauvaise, il faut savoir faire des concessions, par exemple sur les primes.

A l’inverse, lorsque sa situation est bonne, le partage de la valeur est central, notamment pour la CFTC, qui promeut le partage à parts égales pour :

  • les salariés,
  • l’investissement,
  • les actionnaires.

Que diriez-vous à une personne souhaitant s’engager dans le syndicalisme ?

Le syndicalisme ne se limite à pas à manifester et brûler des palettes

Comme je l’ai déjà dit, le syndicalisme ne se limite à pas à manifester et brûler des palettes. C’est bien plus riche.

Cela englobe notamment :

  • le paritarisme dans les organismes comme la CAF, CPAM, URSSAF, etc., 
  • l’engagement aux prud’hommes ou en tant que conseiller du salarié,
  • les différentes commissions interprofessionnelles pour la formation ou le dialogue social,
  • le travail dans l’entreprise.

Mais on peut également s’investir au niveau local, départemental, national, européen. Je pense qu’il y a en vraiment pour tous les goûts.

Comment percevez-vous l'évolution du syndicalisme depuis que vous militez ?

L’individualisme est un mouvement grandissant, ce qui a des conséquences négatives sur le syndicalisme. En effet, il est de plus en plus difficile de trouver des candidats aux élections professionnelles.

Les gens cherchent surtout à consommer sans s’investir derrière ni donner aux autres. C’est ce qu’on observe également dans le milieu associatif. 

Quelle est votre perception de l’avenir du syndicalisme dans le contexte du mouvement des contrôleurs SNCF et de l'émergence de collectifs non-syndiqués ?

Nous n’avons été que peu entendus sur le sujet de la crise énergétique

Ce mouvement, issu des « Gilets jaunes », est un danger pour l’existence même du syndicalisme. Je pense que nous devons élargir nos champs d’interventions si on ne veut pas se faire dépasser. 

Par exemple, nous montons au créneau pour les retraites, mais nous n’avons été que peu entendus sur le sujet de la crise énergétique. A mon sens, ce deuxième sujet est peut-être plus urgent et important que le premier.

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