Droits des salariés

QVCT : 7 enseignements sur le télétravail et le management (étude CFE-CGC)

Par Agnès Redon | Le | Qvct et santé

A propos des difficultés qui leur feraient refuser ou réduire le télétravail, 28 % des cadres observent des tensions liées à ce mode d’organisation du travail en entreprise. C’est le principal enseignement d’une enquête menée par le syndicat de l’encadrement intitulée « Télétravail et management : étude d’usages » publiée le 24 avril 2024.

QVCT : les enseignements de l’étude sur le télétravail et le management de la CFE-CGC - © D.R.
QVCT : les enseignements de l’étude sur le télétravail et le management de la CFE-CGC - © D.R.

1/ Des difficultés liées au télétravail

Selon l’étude CFE-CGC, :

  • La mise en place d’accords collectifs en entreprise sur le télétravail gomme en partie les difficultés, sans les effacer toutefois ;
  • Les journées en présentiel apparaissent comme un moyen efficace de maintenir une cohésion d’équipe, d’entretenir l’émulation collective et de réaliser les actions managériales.

Pour les managers, les jours de télétravail permettent des temps de concentration avec une meilleure gestion et un filtrage des sollicitations externes afin de se consacrer à des tâches de fond. Néanmoins, ils sont nombreux à exprimer souffrir de « sursollicitation » dans le cadre du travail à distance.

Les managers indiquent majoritairement qu’il est parfois plus complexe de se faire comprendre à distance, tout comme de déceler des problèmes subtils tels que des difficultés professionnelles ou personnelles des salariés.

2/ Le télétravail et les tensions

28 % des répondants observent des tensions liées au télétravail dans leur entreprise.

Les principaux motifs invoqués sont :

  • L’inégalité entre les salariés qui peuvent bénéficier du dispositif et ceux qui ne peuvent pas (34 %) ;
  • Les difficultés pour travailler avec ses collègues d’autres services (21 %) et entre salariés d’une même équipe (19 %).

3/ Un déficit de formation au management hybride

42 % d’entre eux déclarent ne pas avoir été suffisamment formés pour animer leur équipe dans le contexte du travail à distance. Sans pour autant altérer la confiance envers leurs salariés, puisque seulement 6 % des managers font part « d’une source d’inquiétude » à savoir leurs équipes en télétravail.

Près de la moitié considèrent que le télétravail rend leurs équipes plus autonomes.

La principale difficulté exprimée par les managers est celle de la préservation du collectif de travail, 40 % soulignant « le manque de liant social » dans le cadre du travail à distance.

4/ La confiance accordée aux salariés en télétravail

Interrogés sur le niveau de confiance perçue au sein de leur entreprise/administration, la moitié des répondants estime être dans une structure qui fait confiance à ses salariés en télétravail, avec une majorité de notes de 4/5 et de 5/5.

  • 20 % des personnes interrogées estiment toutefois travailler dans une organisation qui ne fait pas confiance aux salariés lorsqu’ils travaillent à distance.
  • Les managers interrogés ne rapportent aucune pratique ou stratégie de surveillance officiellement mise en place dans leurs organisations, que ce soit dans les directives reçues ou dans la mesure de l’activité effective des salariés à distance.

En revanche, le suivi de la productivité est très présent dans la mécanique de confiance managériale. Une part importante des « managers hybrides » évaluent ainsi la réussite de leurs actions via le suivi d’indicateurs avec des objectifs mesurables, réguliers et comparables, par exemple le nombre de dossiers traités par jour par leur équipe.

S’agissant de l’organisation et de la tenue de réunions, leur nombre ne semble pas avoir augmenté avec le développement du télétravail. Elles sont en effet perçues comme inhérentes à la fonction managériale et leur nombre refléterait plutôt une tendance accrue au reporting, selon la CFE-CGC.

5/ Les usages et les outils numériques

Alors que l’essor du télétravail a nécessité de nouveaux outils numériques pour faciliter la communication (Teams, Zoom, partage de documents…), il s’avère dans l’ensemble que les entreprises forment peu leurs salariés pour la prise en main de ces outils, semblant compter sur l’entraide interne des salariés.

Les managers se déclarent toutefois majoritairement à l’aise avec les outils numériques.

6/ Un rejet prononcé du flex office

Parmi les 34 % de répondants indiquant travailler au sein de structures ayant mis en place le flex office (un choix souvent économique pour réduire la superficie de bureaux, avec un impact direct sur le confort et la logistique selon la CFE-CGC), 78 % considèrent globalement que sa mise en place ne convient pas.

  • La note moyenne de satisfaction est ainsi de 2,4/5,
  • 36 % des répondants donnant une note de 1/5.

7/ Moins de télétravail pour les managers et adaptation aux équipes

Si 53 % des répondants indiquent télétravailler en moyenne deux jours par semaine, l’enquête souligne que les managers ont plus de difficultés que leurs salariés à utiliser leurs jours de télétravail.

Ils ont aussi tendance à s’adapter aux jours de télétravail de leurs équipes et passent plus de temps au bureau afin de voir l’ensemble des membres, qui ne sont pas tous là les mêmes jours.

Méthodologie de l’enquête

L’étude s’est déroulée entre février à septembre 2023 au travers de deux phases principales :

• Une enquête en ligne diffusée aux adhérents de la CFE-CGC et ouverte aux adhérents comme aux non-adhérents auprès de 4 693 répondants, dont 32 % de manageurs (1 368) ;

• 41 entretiens individuels auprès de managers hybrides.

Concepts clés et définitions : #QVCT (ex QVT) ou Qualité de Vie et des Conditions de Travail