Dialogue social

CGT : un plan de 10 objectifs pour aider la jeunesse

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

« Près de la moitié des moins de 26 ans vivent sous le seuil de pauvreté en France, un tiers renoncent à se soigner faute d’argent et l’accès à un emploi décent est un parcours du jeune combattant », souligne la CGT dans un communiqué le 07/06/2022.
Pour aider la jeunesse, la CGT publie un plan pour la jeunesse en 10 objectifs et l’adresse au gouvernement.

CGT : un plan de 10 objectifs pour aider la jeunesse
CGT : un plan de 10 objectifs pour aider la jeunesse

Le constat 

« 21 % des jeunes vivaient sous le seuil de la pauvreté avant le Covid. Pour maintenir la tête au-dessus de l’eau, 46 % d’entre eux travaillaient pendant leurs études. Le tiers des étudiants avaient renoncé à des soins ou examens médicaux par manque d’argent », souligne la CGT qui estime par ailleurs que l’accès à un emploi décent relève du « parcours du combattant ».

Le plan en 10 objectifs

Pour aider la jeunesse, la CGT présente son plan décliné en 10 objectifs : 

1/ Droit à l’éducation, la formation initiale, l’orientation de qualité et de proximité pour tous

Les actions préconisées par la CGT sont les suivantes :

  • Construire et équiper les établissements scolaires et d’enseignement supérieur et développer la formation initiale et adaptée en assurant le maillage territorial indispensable à la proximité des besoins ;
  • Assurer la gratuité totale des études, ce qui implique le versement d’aides financières, notamment en relevant et en augmentant les bourses, et en assurant à tout étudiant une allocation d’autonomie ;
  • Mettre en place des dispositifs de dépistage et de remédiation de la difficulté scolaire permettant de la prévenir et de la traiter en coopération avec les institutions concernées (services sociaux et de santé, protection judiciaire et de la jeunesse…)

2/ Une allocation d’autonomie modulable 

Pour « garantir des conditions dignes d’existence, d’études et d’entrée dans la vie active », la CGT demande :

  • L’instauration d’une allocation d’autonomie à hauteur de 80 % du Smic (2 000 € selon les revendications de la CGT, soit 1 600 € nets) ;
  • L’ensemble des services publics d’accompagnement de la jeunesse (Crous, missions locales, services de santé, universitaires, etc.) doivent bénéficier de moyens humains et matériels suffisants pour répondre aux besoins des jeunes ;
  • Les critères d’attribution et des montants des bourses doivent être réformés en profondeur.

3/ Des garanties d’autonomie pour les 850 000 jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation

Pour y parvenir, il faut :

  • Donner des moyens humains et matériels à hauteur des enjeux pour les services publics d’accompagnements jeunes, notamment les missions locales ;
  • Ajuster le montant du contrat d’engagement en fonction de l’évolution du jeune dans son parcours d’insertion ;
  • Conditionner la fin du contrat d’engagement à l’accès à une formation ou à un emploi pérenne ;
  • Contrôler strictement les employeurs pour qu’ils ne détournent pas l’objectif de ces dispositifs pour utiliser les jeunes comme main-d’œuvre flexible et peu chère.

4/ Favoriser la transmission des connaissances et des savoir-faire dans l’entreprise en CDI et avec un tutorat, pour favoriser l’insertion des jeunes dans l’entreprise

Pour favoriser l’insertion des jeunes dans l’entreprise, la CGT revendique la création d’un « contrat de génération » en CDI et avec un tutorat. Ses principes sont les suivants :

  • Former les salariés à devenir tuteurs ;
  • Favoriser la transmission inversée des savoirs et savoir-faire ;
  • Favoriser le tutorat collectif au sein de l’équipe ou du service, c’est-à-dire avec un tuteur référent et plusieurs salariés qui partagent leurs connaissances ;
  • Contrôler strictement les entreprises pour que le contrat de génération ne « bénéficie » pas à des jeunes déjà en emploi ;
  • Si aide financière il y a pour les entreprises, la penser de manière dégressive pour rendre le dispositif plus incitatif, et faire en sorte qu’elle soit strictement encadrée et contrôlée ;
  • Inscrire le contrat de génération comme un élément du nouveau statut du travail salarié CGT.

5/ Un véritable statut du stagiaire 

Pour que le stagiaire ne soit plus « assimilé par le patronat à une main-d’œuvre corvéable à merci et peu coûteuse », les moyens pour y parvenir sont définis comme tels :

  • Conditionner les aides publiques aux entreprises à des contreparties d’embauche pérenne des jeunes ;
  • Mettre en place une sur cotisation patronale sur tous les contrats courts de moins de six mois (CDD, CDD d’usage, intérim, saisonniers…) à des taux dissuasifs ;
  • Supprimer les exonérations de cotisations sociales pour tous les contrats courts et les temps partiels de moins de vingt quatre heures ;
  • Prendre en compte les durées de stage pour le calcul de la retraite et ouverture des droits aux indemnités chômage ;
  • Favoriser la négociation collective d’entreprise pour faire du statut du stagiaire (conditions d’accueil et de rémunération) un sujet des négociations annuelles obligatoires (NAO) ;
  • Prévoir une information/consultation des CSE sur l’objectif annuel chiffré du nombre de stagiaires, du contenu et du suivi de leurs stages ;
  • Alimenter le compte personnel de formation (CPF) proportionnellement à la durée du stage en entreprise.

6/ Encadrer la formation professionnelle et l’apprentissage

Les moyens pour encadrer la formation professionnelle et l’apprentissage sont les suivants :

  • Un meilleur contrôle et une véritable certification des organismes de formation par une instance paritaire à l’échelon des régions ;
  • La taxe d’apprentissage, qui correspond à 0,68 % de lamasse salariale, devrait être intégralement dédiée au financement de l’ensemble des formations préparant à un métier, et non pas seulement à l’apprentissage ;
  • Avant de décider de prolonger les aides à l’apprentissage, il faut que le gouvernement évalue leur impact sur la formation des jeunes, sur leur insertion et sur les finances publiques.

7/ Lutter contre la discrimination à l’embauche

Pour lutter contre la discrimination à l’embauche, la CGT exige la mise en œuvre de ces mesures, parmi lesquelles :

  • Ouvrir des négociations obligatoires dans les lieux de travail sur le thème de la lutte contre les discriminations et l’égalité. Ces négociations doivent aboutir à ce que l’employeur ait une obligation de résultat dans sa politique dite de « diversité », qu’il investisse dans des actions de prévention des discriminations ;
  • Exiger que le gouvernement et le patronat financent des campagnes de formation et d’information sur les thématiques des discriminations et de l’égalité auprès des employeurs, du grand public, de la population active et des administrations en interface avec le public (entreprises du secteur marchand public et privé, Pôle emploi, OPHLM,CAF, CPAM, collectivités territoriales, écoles, police, santé, etc.) ;
  • Accorder des droits supplémentaires aux élus des instances représentatives du personnel (IRP) du public comme du privé, aux organisations syndicales et à leurs représentants, pour améliorer le traitement des questions d’égalité et de non-discrimination au travail ; 
  • Renforcer les prérogatives et les moyens de l’inspection du travail et de la médecine du travail dans la promotion de l’égalité et de la lutte contre les discriminations ;
  • Rendre obligatoire la mise en place d’outils permettant de détecter et prévenir les discriminations mais aussi de procédures types et d’échelles de sanction pour lutter contre le harcèlement, notamment le harcèlement discriminatoire ;
  • Mettre en place un registre des candidatures et une commission pour les représentants du personnel afin que ces derniers puissent analyser l’ensemble des candidatures reçues et celles retenues ;
  • Sanctionner les employeurs qui utilisent une sélection autre que le niveau de qualification requis pour un poste ouvert à recrutement ;
  • Faciliter l’accès des entreprises aux procédures de testings pour évaluer leurs propres pratiques.

8/ Garantir l’accès à un logement « digne, durable et abordable »

Afin de garantir l’accès à un logement « digne, durable et abordable », la CGT préconise de :

  • Consacrer l’aide personnalisée au logement (APL) aux seuls étudiants et jeunes travailleurs ;
  • Encadrer strictement à la baisse les loyers du parc privé ;
  • Favoriser une offre de logements dans le parc social adapté en termes de loyers et de surface ;
  • Rénover les logements étudiants selon les nouvelles normes environnementales, notamment thermiques ; Construire les 60000 nouveaux logements étudiants promis par Emmanuel Macron en 2017 et qui n’existent toujours pas ;
  • Augmenter le budget des Crous et le nombre de places en foyers pour jeunes travailleurs et en résidences pour jeunes actifs, et réhabiliter le parc ancien.

9/ Garantir un égal accès à la mobilité

Pour garantir un accès égal à la mobilité, « cruciale pour l’emploi », les actions préconisées sont les suivantes :

  • Un égal accès à moindre coût aux transports publics pour l’ensemble de la jeunesse ;
  • Un égal accès à moindre coût au permis de conduire pour l’ensemble de la jeunesse.

10/ Garantir des indemnités pour les jeunes demandeurs d’emploi 

Afin de garantir des indemnités pour les jeunes demandeurs d’emploi, la CGT demande :

  • La rémunération des primo-demandeurs d’emploi au même titre que les stagiaires de l’Afpa (agence nationale pour la formation professionnelle des adultes), c’est-à-dire au minimum à 80 % du Smic quand ils ne sont ni en entreprise ni en formation (allocation d’autonomie) ;
  • L’abaissement immédiat des seuils de cotisations pour déclencher l’ouverture des droits aux indemnités chômages des jeunes ayant travaillé. Ainsi, la CGT revendique de façon générale un seuil d’ouverture aux indemnités chômage de deux mois et d’un mois pour les personnes ayant occupé des emplois précaires.

Concepts clés et définitions : #Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic)