Dialogue social

Benoît Vernier (CFDT) : « Le syndicalisme, une manière de trouver un autre sens au travail »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Délégué syndical central CFDT Stellantis Auto et secrétaire de CSE du site de Sochaux Belchamp, Benoît Vernier aborde son parcours syndical à la CFDT qui a débuté en 2014. Il livre ses réflexions sur le sens de l’engagement, ainsi que sur l’importance de la négociation collective pour la vie de l’entreprise.

Benoît Vernier (CFDT)  - © D.R.
Benoît Vernier (CFDT) - © D.R.

Quel est votre parcours ?

  • En 2014, j’ai pris mon premier mandat à la commission égalité professionnelle chez PSA.
  • De 2014 à 2018, je suis devenu délégué du personnel.
  • De 2018 à 2022, je suis élu au CSE.
  • En 2019, je deviens représentant syndical au CSE central.
  • Depuis 2023, je suis délégué syndical Central CFDT Stellantis Auto et secrétaire du site de Sochaux Belchamp.

Comment est née votre fibre syndicale ?

J’avais envie de jouer un rôle dans l’entreprise pour les salariés. Pour mieux comprendre la vie de l’entreprise et faire bouger les lignes, rien de mieux que de rejoindre un syndicat. 

Pourquoi avez-vous choisi d’adhérer à la CFDT ?

La CFDT a toujours correspondu avec mes valeurs de démocratie et de solidarité.

Au début, je n’avais pas d’attache avec une organisation syndicale en particulier. J’ai regardé en détail les syndicats présents dans l’entreprise, leur valeur, leur fonctionnement, leur histoire.

C’est vers la CFDT que j’ai été attiré. Je me suis ensuite rapproché des militants CFDT et j’ai eu envie de voir comment travaillait une section syndicale. Cela m’a plu, puis j’ai suivi des formations et je me suis présenté aux élections professionnelles.

Je n’ai jamais regretté mon choix de la CFDT, qui correspond à mes valeurs de démocratie et de solidarité. En effet, les décisions sont prises à un niveau collectif et jamais individuellement. Par ailleurs, la CFDT est un syndicat non catégoriel, il s’adresse à tous, ce qui est une priorité à mes yeux.

Au cours de vos différents mandats, quels ont été les moments forts de la négociation collective ?

Les premières négociations salariales (NAO) ont été des moments forts.

Les moments forts correspondent à la prise de responsabilité à chacun de mes mandats.

Les premières négociations salariales (NAO) ont également été des moments forts, dans le sens où cela a représenté une montée en compétences.

À travers l’aide aux salariés, le syndicalisme m’a permis de trouver un autre sens au travail. En effet, je suis entré dans l’industrie automobile en tant qu’apprenti et mon engagement m’a donné une autre perspective au travail. 

Quels sont vos sujets actuels de revendication ?

  • Il s’agit de l’accord cadre relatif au temps de travail triennal pour les années 2024,2025 et 2026. Cet accord donne beaucoup de poids à la négociation locale, ce qui nous convient bien.
  • Par ailleurs, nous sommes en train de négocier trois semaines d’arrêts consécutifs pour les salariés qui le souhaitent. Même si la direction ne souhaite arrêter la production que durant deux semaines, nous avons obtenu de permettre aux salariés qui le souhaitent de prendre trois semaines consécutives. L’employeur organise les équipes en conséquence.
  • L’autre négociation importante actuelle porte sur la gestion de carrière des cadres et des non cadres.

À votre avis, quels sont les principes d’une bonne négociation ?

Préparer les sujets de négociation bien en amont.

Il me semble important de :

  • Préparer les sujets de négociation bien en amont ;
  • Être proche des salariés pour connaître leurs attentes, leurs problématiques et leurs revendications ;
  • Débattre et prendre des décisions qui conviennent au collectif ;
  • Faire le lien avec la fédération pour s’assurer que tout ce qui est porté par les équipes est cohérent avec les valeurs, ce qui est quasiment toujours le cas ;
  • Bien communiquer après les négociations pour expliquer leur déroulement, ce qui a été obtenu ou non.

Que diriez-vous à une personne souhaitant s’engager dans le syndicalisme ?

J’invite tous les salariés à s’intéresser de plus près au syndicalisme. En effet, nombreuses sont les personnes qui pensent que l’engagement syndical ne sert à rien. Or c’est une manière enrichissante de bien comprendre le fonctionnement d’une entreprise, de s’impliquer dans son organisation, et d’y défendre ses valeurs.

Comment analysez-vous l'évolution des mandats d'élus du personnel ?

Depuis le passage au CSE, les élus du personnel doivent désormais savoir tout faire, avoir de plus en plus de connaissances dans des domaines variés. Avant, les domaines étaient plus cloisonnés.

Cela complique grandement l'équilibre entre la vie personnelle, la vie professionnelle et syndicale, ce qui implique de faire des choix dans ses priorités. 

Quelle est votre perception de l’avenir du syndicalisme dans le contexte de l'émergence de collectifs non syndiqués ?

Je ne crois pas que cela soit profitable aux salariés. 

C’est un phénomène qui m’inquiète un peu et qui me fait penser au mouvement des Gilets jaunes. En effet, les organisations syndicales portent des valeurs qui leur sont propres, elles ont un processus de formation, un réseau et un esprit de cohésion.

C’est tout cela qui manque à ces collectifs et je ne crois pas que cela soit profitable aux salariés. 

 

Concepts clés et définitions : #CSE ou Comité Social et Économique , #Syndicat, #NAO ou négociation annuelle obligatoire