Dialogue social

Baromètre Syndex - Ifop 2024 : l’état du dialogue social en entreprise en 11 enseignements

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Le 6e Baromètre Syndex/Ifop la motivation et l’état d’esprit des élus de CSE, présenté lors d’une conférence de presse le 23 janvier 2024, aborde les sujets prioritaires à aborder en 2024 tels que les conditions de travail (QVCT), la transition écologique ou le partage de la valeur.

Dialogue social 2024 : les 11 enseignements du 6e baromètre Syndex/Ifop - © D.R.
Dialogue social 2024 : les 11 enseignements du 6e baromètre Syndex/Ifop - © D.R.

1/ Amélioration de l’état d’esprit des représentants du personnel à l’égard du CSE

En dépit d’une inquiétude toujours importante, citée par 51 % des répondants, l’état d’esprit des représentants du personnel vis-à-vis du CSE s’améliore, selon le baromètre. Ils sont :

  • 67 % à se montrer déterminés ;
  • 65 % motivés ;
  • 41 % à constater un affaiblissement de leur poids face à celui de la direction depuis la mise en place du CSE ;
  • 39 % à déplorer des ordres du jour trop chargés avec un manque de place accordée aux sujets de fond.

Ils citent également parmi les inconvénients du CSE, parmi lesquels :

  • Le manque d’attractivité de la fonction ;
  • Une prise en compte insuffisante de la santé au travail ou encore le déficit d’expertise des représentants des salariés.

Pour près de 70 % des CSE interrogés, les moyens alloués à leur instance n’ont pas été renégociés récemment.

2/ Les directions toujours perçues comme opportunistes ou tendues

« Opportunistes » (57 %) et « tendues » (51 %) sont les deux adjectifs les plus cités par les représentants du personnel pour décrire l’état d’esprit des directions à l’égard du CSE.

Elles sont jugées moins opportunistes qu’en 2018, mais beaucoup plus tendues depuis la crise sanitaire.

3 représentants du personnel sur 4 estiment bonne la situation économique de leur entreprise, un score stable depuis 5 ans.

3/ Une bonne image du CSE pour 7 salariés sur 10

En hausse de 5 points, l’image du CSE s’est renforcée dans un contexte de mobilisation contre la réforme des retraites et d’élections professionnelles.

  • La participation aux élections reste bonne selon le baromètre ;
  • Les salariés sont 59 % à déclarer avoir voté aux dernières élections ;
  • Les salariés interrogés sont 75 % à connaître un membre du CSE et 62 % à se montrer intéressés par l’action du CSE.

4/ Une perception différente du dialogue selon les acteurs

Si les représentants du personnel et les directions considèrent la confiance entre les participants ainsi que la transmission et la qualité de l’information comme essentielles pour la qualité du dialogue social, leur avis divergent sur :

  • La prise en compte des avis et revendications des représentants du personnel par les directions ;
  • Les moyens alloués, comme les heures de délégation.

« Les élus souhaitent un dialogue efficace dans lequel ils ont du poids, quand la direction reste sur le formalisme du respect de la loi » constate Nicolas Weinstein, membre du comité de direction de Syndex.

« Il faudrait en même temps responsabiliser le CSE et voir les élus comme des partenaires et non pas comme un opposant. Les représentants du personnel allemands ont un certain poids dans les décisions, que nous n’avons pas en France », déclare une élue du secteur de la chimie interrogée dans le cadre de l’enquête.

5/ Des difficultés à recruter des nouveaux membres

Pour 93 % des représentants du personnel, leur CSE rencontre des difficultés à recruter de nouveaux membres. Les premiers freins de non représentation aux élections des représentants des salariés sont les suivants :

  • Le temps et l’énergie investis (40 %) ;
  • Le manque de considération de la direction (45 %).

Pourtant, 23 % d’entre eux témoignent d’un regain d’intérêt pour le CSE et 42 % pour l’action syndicale suite à la mobilisation contre la réforme des retraites.

6/ La santé, les conditions de travail et les risques psychosociaux (RPS) : des sujets prioritaires à traiter par le CSE

Pour 92 % des représentants du personnel, la santé, les RPS et les conditions de travail sont les premiers sujets de préoccupation à traiter par les CSE.

  • Selon eux (et dans une moindre mesure les salariés), les directions sous-estiment la pénibilité et l’usure professionnelle en leur sein.
  • Seuls 26 % des représentants du personnel et 47 % des salariés considèrent que les directions en ont une conscience suffisante.

7/ Les rémunérations et le pouvoir d’achat, un sujet prioritaire

Les rémunérations occupent toujours une place centrale pour :

  • Les représentants du personnel (86 %) ;
  • Les salariés (77 %).

Pour les directions, ce sujet est perçu comme un sujet moins prioritaire à traiter par les CSE (53 %).

  • Plus largement, la question du partage de la valeur suscite des attentes.
  • Les moyens envisagés pour y répondre divergent : alors que les représentants du personnel et les salariés privilégient les hausses de salaire, les directions préfèrent mixer fixe, intéressement et variable.

8/ Les nouveaux sujets de la nouvelle prérogative environnementale et de l’intelligence artificielle peu abordés

D’après le Baromètre, concernant les nouveaux sujets à traiter par le CSE :

  • Un représentant du personnel sur quatre considère que le CSE s’est emparé de la nouvelle prérogative environnementale, un score stable par rapport à l’année dernière ;
  • Seul un représentant du personnel sur dix a déjà suivi une formation sur les prérogatives environnementales ;
  • Ils sont 3 sur 4 à déclarer souhaiter se former ;
  • Pour 58 % des représentants du personnel, le CSE priorise d’autres dossiers que celui-ci. Pour la moitié d’entre eux, la direction n’a pas transmis au CSE d’informations sur le sujet ;
  • 10 % d’entre eux considèrent l’intelligence artificielle comme un sujet prioritaire, contre 6 % des directions.

9/ Adhésion des représentants du personnel sur la semaine de 4 jours

Concernant le temps de travail, le Baromètre révèle que :

79 % des représentants du personnel seraient favorables à la semaine de quatre jours sur 32 heures à salaire constant, contre 75 % des salariés et 42 % des directions.

Les représentants du personnel voient de nombreux avantages à la semaine de 4 jours, parmi lesquels :

  • La santé ;
  • L’équilibre entre vie professionnelles et personnelle ;
  • L’engagement au travail.

Ils se montrent conscients des risques dont la semaine de 4 jours peut être porteuse, à savoir :

  • Les inégalités ;
  • La surcharge de travail et de stress.

10/ Peu de dispositifs mis en place pour les seniors en entreprise

Pour 50 % des représentants du personnel, le sujet des seniors en entreprise a été évoqué en réunions de CSE mais seulement 10 % ont constaté la mise en place de nouvelles mesures.

Peu de dispositifs sont ainsi mis en place pour aménager l’organisation du travail et la valorisation de l’expérience.

C’est plutôt le raccourcissement des fins de carrière qui est privilégié avec le compte épargne temps (58 %), ou encore la retraite progressive (39 %).

11/ Les perspectives 2024

Pour 82 % des représentants du personnel, le renforcement du poids des avis émis par le CSE est une évolution prioritaire à mettre en place.

Ils sont :

  • 67 % à vouloir un dialogue social au plus du terrain, notamment à l’aide de représentants de proximité ou d’envois directs d’emails aux salariés ;
  • 65 % à souhaiter des réunions de CSE recentrées sur les sujets les plus importants.

Méthodologie de l’enquête

L’Ifop a réalisé fin 2023 pour Syndex une enquête sur l’état du dialogue social dans les entreprises.

Ont été interrogés par questionnaire auto-administré :

• 1420 représentants des salariés ;

• 1300 salariés ;

• 401 chefs d’entreprise et DRH.

Cette phase quantitative a été complétée par des entretiens qualitatifs avec des représentants du personnel.

Concepts clés et définitions : #CSE ou Comité Social et Économique , #QVCT (ex QVT) ou Qualité de Vie et des Conditions de Travail , #CSSCT (ex CHSCT) ou santé et sécurité au travail